Un duo de feu
Teddy Riner et Marie-José Pérec ont été les derniers relayeurs de la flamme.
Un choix on ne peut plus légitime.
Un duo de feu
27 Jul 2024 - L'Équipe
MARC VENTOUILLAC (avec AK. C.)
Voici quelques jours, Marie-José Pérec avait déclaré que cela ne lui posait aucun problème de partager avec un autre athlète le plaisir d’allumer la vasque olympique. « Si je dois partager cet immense honneur avec Zinédine (Zidane), moi, ça me va parfaitement bien ! » , avait-elle déclaré à L’Équipe. De fait, la plus grande championne de tous les temps du sport français a été accompagnée dans ces derniers moments. Pas par Zinédine Zidane (cette hypothèse disparut d’elle-même assez tôt puisqu’on vit le champion du monde de football 1998 prendre possession de la torche sur le terre-plein du Trocadéro), mais par Teddy Riner.
Le suspense, comme d’habitude, est allé crescendo à partir du moment où le bateau des stars étrangères (Rafael Nadal-Carl Lewis-Nadia Comaneci-Serena Williams) accosta pour transmettre le feu sacré à Amélie Mauresmo. S’ensuivit le défilé de certains des plus grands champions olympiques ou paralympiques français. Tony Marie-José Pérec et Teddy Riner ont pris le dernier relais de la flamme à Charles Coste, champion olympique de cyclisme sur piste en 1948, hier soir, avant d’embraser la vasque au jardin des Tuileries.
Parker, suivi d’ Alexis Hanquinquant et Nante ninKeita(l es porte-drapeaux paralympiques) qui encadrèrent Marie-Amélie Le Fur pour pénétrer dans le jardin des Tuileries stricto sensu. Et à partir de ce moment, on vit les relayeurs se succéder de plus en plus vite, le temps de quelques foulé es. Tous armés d’ un sourire inoubliable et pénétrés d’une joie profonde. Se succédèrent ainsi Michaël Guigou, Allison Pineau, Jean-François Lamour, Felicia Ballanger, Florian Rousseau, Émilie Le Pennec, David Douillet, Clarice Agbégnénou, Alain Bernard, Laure Manaudou, Renaud Lavillenie, Laura Flessel, et, assis dans un fauteuil roulant, Charles Coste, 100 ans et doyen des champions olympiques français (poursuite par équipes en cyclisme, 1948).
Sous la pluie, c’est lui qui eut l’honneur de transmettre le flambeau aux deux champions chargés d’ aller allumer la vasque. Précautionneusement, Teddy Riner (35 ans) et Marie-José Pérec (56 ans) traversèrent alors le bassin des Tuileries au centre duquel était placé un ballon, clin d’oeil aux frères Montgolfier qui, en 1783, s’envolèrent de cet endroit pour réaliser le premier vol en ballon à hydrogène.
La joie et l’émotion se lisaient sur le visage des deux Guadeloupéens qui accomplirent leur mission avec toute la solennité requise pour mettre le feu au ballon qui s’envola vers les cieux d’où il surplombera Paris jusqu’au 11 août. Nul doute qu’il s’agira d’un des plus beaux jours de leur vie.
Les deux élus prévenus hier matin
Le choix des deux triples champions olympiques était on ne peut plus légitime. Tous deux figuraient dans les short-lists et avaient proclamé leur amour de la flamme au cours des dernières semaines. « Ce que j’aimerais, c’est que ce soit un Olympien, on sera tous très contents, avait déclaré Riner avant-hier. C’est important car les JO, c’est d’abord un moment pour les Olympiens. Il faut que ce soit quelqu’un qui a marqué l’histoire du sport français et international. C’est important » . Et quand on lui avait demandé s’il serait le dernier relayeur, il avait déclaré : « On va attendre l’appel fatidique, je ne sais pas. Je n’ai pas encore reçu l’appel. »
L’appel, si on en croit Estanguet, il l’a reçu hier matin, tout comme Marie-José Pérec. Qui elle aussi rêvait de vivre une telle journée. Depuis que le feu d’Olympie était arrivé en France, elle était omniprésente, tournant autour de la Flamme comme pour la séduire, des marches du festival de Cannes à la traversée de l’Atlantique vers les Antilles avec Armel Le Cléac'h.
Riner et Pérec, un duo (le premier depuis 1976) on ne peut plus légitime pour des athlètes de générations différentes. Riner va remonter sur le tatami la semaine prochaine pour tenter d’aller chercher un troisième titre olympique en solo. En allumant le ballon-vasque, Pérec a rejoint sa rivale Cathy Freeman dans le cercle restreint des derniers porteurs de flamme, tournant définitivement la page de Sydney où sa fuite précipitée était restée pour elle une plaie longtemps ouverte. Désormais apaisée, heureuse, sereine, Elle a clos sa belle histoire avec les Jeux.
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«C’était magique»
“Les organisateurs nous ont fait un cadeau énorme,
une récompense, un privilège que je n’oublierai jamais’’
- RENAUD LAVILLENIE PERCHISTE
Champion olympique en 2012, ex-recordman du monde.
27 Jul 2024 - L'Équipe
«Et dire que j’ avais espérer être porte-drapeau. Là, porter la flamme parmi les derniers, à côté du Louvre, ça va au-delà de ce que j’ aurais pu imaginer. C’est assez amusant à raconter d’ ailleurs. Parceque quand je me suis installé en tribune officielle pour le coup d’ envoi de cette cérémonie, je me suis dit que j’ avais une place exceptionnelle. J’étais tout près du président Emmanuel Macron, je m’ apprêtais à vivre un grand moment, sage ment assis. Et puisons’ est fait happer par des gens du protocole, exfiltrer avec discrétion. On était une vingtaine d’ anciens champions. Ils nous ont emmenés au L ouvre en navette et ils nous ont briefés, dans une salle, sur la façon dont ça allait se passer. Mais jusqu’ à la dernière minute, quasiment, on ne savait pas exactement où on allait se trouver dans ces derniers instants. Car on a chacun eu un simple numéro. Un petit jeu s’ est installé entre nous :“Et toi, t’ as le combien ?” Amélie Maures mo avait le 1, il était logique qu’ elle soit la première. Mais moi j’ avais le 14… Ils nous ont équipés d’ une oreillette, nous ont emmenés sur quatre postes différents et c’ était dingue, j’ étais là, tout près de la vas que. Marie-José Pérec ne pouvait pas trop se cacher, elle avait le 18, maison imaginait bien tous depuis le départ qu’ elle serait au bout de cette chaîne. Teddy Riner, lui, est arrivé plus tard, le temps qu’ il sorte du défilé sur la Seine. Il y a une logique à ce qu’ il ait rejoint Marie-Jo. Les organisateurs nous ont fait un cadeau énorme, une récompense, un privilège que je n’ oublierai jamais. Maintenant, j’ ai hâte de revoir la cérémonie dans son entier parce qu’ on avait juste une télé dans la pièce et qu’ on voyait bien qu’ elle était extraordinaire. On en attendait tous énormément mais je crois qu’ elle est allé eaudelà de nos imaginations. Évidemment, il y a bien eu cette pluie incessante, seul petit truc frustrant. Mais elle n’ aurait pas été plus belle sans. Des fois, comme pour un titre, ces éléments contraires rendent l’ événement encore plus grand. Et là, c’ était juste magique. Cette fois, les Jeux de Paris sont vraiment partis. Et bien partis.»
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