CANTO-JPP, l’inattendu terminus bleu
Éric Cantona (à gauche) et Jean-Pierre Papin lors de leur
dernière sélection en équipe de France, le 18 juillet 1995, à Utrecht.
Il y a trente ans, Éric Cantona et Jean-Pierre Papin jouaient pour la dernière fois en équipe de France, lors d’une victoire en amical aux Pays-Bas (1-0).
Quelques jours plus tard, JPP était opéré du genou gauche, et Canto se lançait dans le kung-fu.
"En fait, c’était l’opération de la dernière chance.
Je souffrais beaucoup, et cela devenait compliqué"
- JEAN-PIERRE PAPIN
17 Jan 2025 - L'Équipe
VINCENT DULUC
Personne n’a songé une seconde que l’histoire allait s’arrêter là, dans le petit stade d’Utrecht, un soir de janvier 1995. Au matin de cet amical Pays-Bas - France, les jeunes Nantais étaient à la mode, c’est vrai, au coeur de l’une des plus belles saisons d’un champion de France, mais l’avant-centre des Bleus était toujours Jean-Pierre Papin, 31 ans, Ballon d’Or 1991, et leur capitaine demeurait Éric Cantona (28ans), l’idole de Manchester United, où il a joué de 1992 à 1997. C’était leur 31e sélection commune, sous quatre sélectionneurs différents (Henri Michel, Michel Platini, Gérard Houllier, Aimé Jacquet), et c’était la dernière.
Au milieu de qualifications assez boiteuses pour l’Euro 96, avant un match décisif en Israël, les Bleus allaient prolonger leur invincibilité en gagnant à Utrecht (1-0, but de Patrice Loko). Mais L’Équipe jugerait la soirée du duo sans indulgence : Cantona « n’est toujours pas le leader d’attaque dont les Bleus ont besoin », et Papin a été « isolé en pointe, sevré de ballons, à court de condition et de compétition ».
En pleine trêve allemande avec le Bayern, où il jouait peu, JPP n’avait qu’une semaine d’entraînement dans les jambes, et un genou gauche qui sifflait. Pourtant, il continuait de voir plus loin: « Si les Pays-Bas ne nous mettent pas de but, ce n’est pas Israël qui va le faire. » Deux mois plus tard, le match lui donnerait raison (0-0), mais sans lui. Canto, lui aussi, se projetait: « Moi, je dis qu’on sera à l’Euro. Vous imaginez déjà une demi-finale avec les Bleus à Old Trafford? » Elle aura lieu, mais sans lui, et dans un stade à moitié vide, face à la République tchèque (0-0, 5-6 aux t.a.b.).
Souvenir «impérissable» pour Di Meco
Pour des raisons multiples, cette soiréeauxPays-Basauralaisséunsouvenir « impérissable » à Éric Di Meco, titulaire à Utrecht, proche du duo, et qui faisait chambre commune en bleu avec Cantona: « Je m’en souviens parce que c’était les Pays-Bas, et que Cruyff était le Dieu vivant de mon enfance. Parce qu’il y avait Overmars en face, et qu’on l’avait éteint à deux avec Marcel Desailly. Et parce qu’on avait passé une grande soirée à Amsterdam. »
Difficile, alors, de soupçonner que ce serait la soirée des adieux de Canto et JPP en bleu. « Canto et moi, on avait réussi à convaincre Aimé de ne pas rentrer à Paris avec les autres en prétextant des vols directs pour Manchester et Nice le lendemain matin, raconte encore Di Meco. Je ne sais pas ce que Jean-Pierre et Lolo Blanc avaient trouvé comme excuse, mais on s’est retrouvés tous les quatre, à Amsterdam, qui est vraiment une ville très sympa le soir (sourires). À l’époque, comme moi, Lolo n’était pas encore très connu, mais tout le monde connaissait Jean-Pierre et Canto, si bien qu’on avait été accueillis à bras ouverts partout, sans jamais payer un verre. Après, on s’est dit au revoir, comme d’habitude, en attendant avec impatience le prochain rassemblement. »
Quand l’ancien arrière gauche de l’OM (1980-1994) et de Monaco (19941998) est revenu en bleu, le 29 mars 1995, en Israël (0-0, à Tel-Aviv), JPP et Canto n’étaient plus là, et, trente ans après, la manière dont les deux joueurs majeurs de ces années-là sont sortis, en même temps, du feuilleton bleu reste fascinante.
Moins d’une semaine après Utrecht, et alors qu’Aimé Jacquet avait imaginé une douleur psychologique ( « Il ne s’est plaint de rien avec nous, je pense que sa gêne est amplifiée par sa situation au Bayern »), l’opération subie à Marseille par Papin avait révélé des dégâts sérieux. JPP ne rejouerait pas avant le mois d’août, et il ne jouerait pas assez avec le Bayern (1994-1996) pour prétendre à un retour en bleu. « En fait, c’était l’opération de la dernière chance, révèle-t-il aujourd’hui. Je souffrais beaucoup, et cela devenait compliqué au plus haut niveau. Je n’avais jamais été blessé, et j’ai été opéré cinq fois quand j’étais au Bayern. Après, quand j’ai rejoué, j’ai espéré. Quand tu fais partie de ce groupe, tu n’as jamais envie que ça s’arrête. Mais, pour revenir, il fallait un peu plus.»
L’appel de Cantona à Le Graët dans l’espoir d’être défendu
Le 25 janvier 1995, lendemain de l’opération de Papin, Cantona avait été expulsé à Crystal Palace pour un coup de pied sur Richard Shaw, son cinquième rouge en quinze mois avec MU.
Sur le chemin des vestiaires, insulté (« enc…debâtard de Français ») par Matthew Simmons, un supporter de Palace, il l’avait agressé d’un coup de pied de kung-fu ou de karaté. Aux Guignols (l’émission satirique de Canal+), le lendemain, la marionnette de JPP avait expliqué à celle de PPDA: « C’est honteux. Il faut absolument que la Fédération de karaté fasse quelque chose. Y veut lui foutre un o-soto-gari dans le “plexus scolaire”. Résultat ? Il n’est pas en équilibre. Donc il le rate. Voilà ce que c’est quand on veut péter plus haut que son nez. »
Jacquet suivra la ligne du titre de L’Équipe («Indéfendable») en estimant que «son geste n’est pas défendable», un mot que Canto ne digérera jamais («les assassins ont le droit d’être défendus et pas moi?»). Le lendemain de son geste, d’ailleurs, Canto appellera directement Noël Le Graët, alors patron de la Ligue nationale de football, dans l’espoir d’être défendu, justement. Mais il sera suspendu jusqu’au 1er octobre 1995 par l’Angleterre, la FFF étendra la sanction, et Jacquet aura commencé une autre histoire. Sans l’oublier complètement: au début de l’année 1996, accompagné d’Henri Émile (membre de l’encadrement des Bleus), parce qu’il voulait un témoin, le sélectionneur s’était rendu à Manchester pour lui proposer d’être avant-centre ou rien. Ce sera rien. Canto se voyait en meneur, libre, et Jacquet pensait déjà à Zinédine Zidane (appelé pour la première fois en août 1994). «Canto a longtemps pensé que certains joueurs lui avaient savonné la planche, et que Didier (Deschamps, devenu capitaine) ne l’avait pas aidé à revenir », se souvient encore Di Meco. Deux ans plus tard, aux premiers jours de la Coupe du monde 1998, Cantona (33 ans) était à la retraite depuis deux ans, et Papin (34 ans) préparait sa dernière saison pro avec Guingamp, qui n’allait durer que trois mois. Dans leur vie en bleu, Utrecht avait été la dernière station.
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Éric Cantona (a sinistra) e Jean-Pierre Papin durante la loro ultima
presenza nella Nazionale francese, il 18 luglio 1995 a Utrecht.
CANTO-JPP, l'inaspettato capolinea bleu
Trent'anni fa, Éric Cantona e Jean-Pierre Papin giocarono per l'ultima volta con la Nazionale francese, in un'amichevole vinta per 1-0 nei Paesi Bassi.
Pochi giorni dopo, JPP fu operato al ginocchio sinistro e Canto si dedicò al kung fu.
“In effetti, è stata l'ultima operazione possibile.
Avevo molto dolore e la situazione si stava complicando”.
- JEAN-PIERRE PAPIN
17 gennaio 2025 - L'Équipe
VINCENT DULUC
Nessuno pensava neanche per un attimo che la storia sarebbe finita lì, nel piccolo stadio di Utrecht, una sera del gennaio 1995. La mattina di quella amichevole tra Olanda e Francia, i giovani giocatori del Nantes erano in auge, è vero, nel bel mezzo di una delle più belle stagioni di un campione francese, ma il centravanti dei Bleus era ancora Jean-Pierre Papin (31 anni), vincitore del Pallone d'Oro 1991, e il loro capitano era ancora Éric Cantona (28 anni), l'idolo del Manchester United, dove aveva giocato dal 1992 al 1997. Era la loro 31a presenza insieme, sotto quattro Ct diversi (Henri Michel, Michel Platini, Gérard Houllier, Aimé Jacquet), e fu l'ultima.
Nel bel mezzo di una campagna di qualificazione per Euro 96 alquanto incerta e prima di una partita decisiva in Israele, i Bleus prolungano la loro imbattibilità vincendo a Utrecht (1-0, gol di Patrice Loko). Tuttavia, L'Équipe non fu indulgente nel valutare la serata del duo: Cantona “non è ancora il leader d'attacco di cui i Bleus hanno bisogno”, e Papin è rimasto “isolato in avanti, privato del pallone e a corto di forma fisica e di competizione”.
Nel bel mezzo della pausa tedesca con il Bayern, dove ha giocato poco, JPP ha solo una settimana di allenamento e un ginocchio sinistro che fischia. Eppure ha continuato a guardare avanti: “Se l'Olanda non segna per noi, non sarà Israele a farlo”. Due mesi dopo, la partita gli diede ragione (0-0), ma senza di lui. Anche Canto guarda al futuro: “Dico che saremo agli Euro. Vi immaginate una semifinale con i Bleus all'Old Trafford? È successo, ma senza di lui e in uno stadio semivuoto, contro la Repubblica Ceca (0-0, 5-6 ai rigori).
Un ricordo “indimenticabile” per Di Meco
Per una serie di ragioni, quella notte in Olanda è stata un ricordo “indimenticabile” per Éric Di Meco, titolare in prima squadra all'Utrecht, che era vicino al duo e condivideva la maglia bleu con Cantona: “Me lo ricordo perché era l'Olanda e Cruijff era il dio vivente della mia infanzia. Perché davanti a me c'era Overmars e io e Marcel Desailly non lo abbiamo mai fatto entrare in partita. E perché avevamo passato una bella serata insieme ad Amsterdam.
Era difficile immaginare, quindi, che quella sarebbe stata la serata d'addio di Canto e JPP in bleu. Canto ed io eravamo riusciti a convincere Aimé a non rientrare a Parigi con gli altri, citando i voli diretti per Manchester e Nizza la mattina seguente”, continua Di Meco. Non so cosa Jean-Pierre e Lolo Blanc abbiano inventato come scusa, ma noi quattro siamo finiti ad Amsterdam, che di sera è davvero una bella città (sorride). All'epoca, come me, Lolo non era ancora molto noto, ma tutti conoscevano Jean-Pierre e Canto, quindi siamo stati accolti a braccia aperte ovunque, senza mai pagare un drink. Poi ci siamo salutati come al solito, in attesa del prossimo incontro.
Quando l'ex terzino sinistro dell'OM (1980-1994) e del Monaco (19941998) tornò in bleu il 29 marzo 1995 in Israele (0-0, Tel Aviv), JPP e Canto non c'erano più e, a distanza di trent'anni, resta affascinante il modo in cui i due grandi protagonisti di quegli anni sono usciti contemporaneamente dalla telenovela bleu.
Meno di una settimana dopo Utrecht, e mentre Aimé Jacquet aveva immaginato che si trattasse di un dolore psicologico (“Con noi non si è lamentato di nulla, credo che il suo disagio sia amplificato dalla sua situazione al Bayern”), l'operazione a cui Papin si sottopose a Marsiglia rivelò un danno grave. JPP non tornerà a giocare fino ad agosto e non giocherà abbastanza con il Bayern (1994-1996) per essere eleggibile per un ritorno in Nazionale. In effetti, si trattava di un'operazione da ultima spiaggia”, rivela oggi. Avevo molti dolori e la situazione stava diventando complicata ai massimi livelli. Non mi ero mai infortunato prima e ho subito cinque operazioni quando ero al Bayern. Poi, quando ho ripreso a giocare, ero fiducioso. Quando fai parte di questo gruppo, non vuoi mai che finisca. Ma per tornare avevo bisogno di qualcosa in più”.
L'appello di Cantona a Le Graët nella speranza di essere difeso
Il 25 gennaio 1995, il giorno dopo l'operazione di Papin, Cantona viene espulso in trasferta al Selhurst Park contro il Crystal Palace per aver dato un calcio a Richard Shaw, il suo quinto rosso in 15 mesi con lo United.
Mentre si recava negli spogliatoi, è stato insultato (“enc... debâtard de Français”) da Matthew Simmons, un tifoso del Palace, che lo ha aggredito con un calcio di kung fu o karate. Il giorno dopo, il pupazzo di JPP ha spiegato al pupazzo di PPDA su Les Guignols (programma satirico di Canal+): “È vergognoso. La federazione di karate deve assolutamente fare qualcosa. Y vuole infilare un o-soto-gari nel suo 'plesso solare'. Il risultato? Era fuori equilibrio. E quindi lo manca. Ecco cosa succede quando si vuole scoreggiare più in alto del proprio naso".
Jacquet seguì il titolo de L'Équipe (“Indéfendable”), affermando che “il suo gesto non è difendibile”, una parola che Canto mai avrebbe poi digerito (“gli assassini hanno il diritto di essere difesi e io no?”). Il giorno dopo l'incidente, Canto chiamò Noël Le Graët, allora capo della Lega nazionale di calcio francese, nella speranza di essere difeso. Ma l'Inghilterra lo sospese fino al 1° ottobre 1995, la FFF estese la sanzione e Jacquet iniziò un'altra storia. All'inizio del 1996, accompagnato da Henri Emile (membro dello staff tecnico dei Bleus), poiché voleva un testimone, il Ct si recò a Manchester per offrirgli la possibilità di giocare da centravanti o niente. Non c'era niente da fare. Canto si vedeva come un leader libero, e Jacquet pensava già a Zinédine Zidane (convocato per la prima volta nell'agosto 1994). “Per molto tempo, Canto ha pensato che certi giocatori lo avessero messo in difficoltà e che Didier (Deschamps, diventato capitano) non lo avesse aiutato a tornare”, ricorda ancora Di Meco. Due anni dopo, all'inizio del mondiale 1998, Cantona (33 anni) si era ritirato da due anni e Papin (34 anni) si stava preparando col Guingamp per la sua ultima stagione da professionista, che sarebbe durata solo tre mesi. Utrecht era stata l'ultima tappa della loro vita in bleu.
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