Gaudu rallume la flamme
Vainqueur hier et leader du général à deux jours de l’arrivée, le grimpeur de Groupama-FDJ a entamé la nouvelle saison de la meilleure des manières dans les montagnes omanaises et n’a pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin.
"David est en confiance, il a marché très, très fort en stage,
on savait qu’il allait faire un gros début de saison,
il en avait très envie"
- VALENTIN MADOUAS, SON COÉQUIPIER
11 Feb 2025 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL GAÉTAN SCHERRER
EASTERN MOUNTAIN (OMN) – Si le paradis des géologues existe, il se niche quelque part dans les monts Hajar. La plus haute chaîne de la péninsule Arabique, d’où surgissent des gigantesques lambeaux de croûte océanique échoués là depuis 80 millions d’années, recèle un trésor de roches aux teintes grises, ocres et orange. Sur les flancs d’Eastern Mountain, elles sont plus foncées, presque noires, on se croirait sur un volcan et comme au Vésuve des broussailles en émergent telles des fleurs dans le ciment. La pente y est rude et interminable, mais les organisateurs du tour national ont décidé de tracer l’arrivée de la troisième étape au début de l’ascension, en haut d’un mur où la route se cabre à plus de 11 % pendant 2 kilomètres.Fanja-Eastern Mountain (180,8 km) David Gaudu, qui avait des jambes de feu hier malgré les écorchures des ronces sur le parcours, a résisté aux assauts d’Adam Yates pour remporter l’étape et s’arroger le leadership de l’épreuve.
C’est au sommet de ce joli raidard que David Gaudu a levé les bras hier, à bout de souffle, la jambe et le coude gauches en sang. « Pendant l’étape, à un moment, je me suis fait un peu tasser par le peloton et j’ai roulé dans le bas-côté, je pensais frôler un petit buisson mais non : c’étaient des ronces… », révélait-il peu après, hilare. Ces griffures importaient alors peu au Breton : il venait de passer haut la main son premier grand test de 2025, un duel face à Adam Yates, « l’un des meilleurs grimpeurs-puncheurs au monde » sur son terrain de prédilection, gagné avec la manière, en relançant son sprint après trois attaques alors que le Britannique semblait sur le point de le déborder à 150 mètres de la ligne.
Gaudu a ainsi été capable d’enfoncer le dernier clou après un travail d’équipe remarquable, car si ses équipiers ont surgi tard dans l’étape, « ils ont tordu ce qui restait du peloton », a noté le directeur sportif Thierry Bricaud. Chacun y a mis du sien, à commencer par les deux néo-pros du groupe, Tom Donnenwirth, qui a placé un avant-dernier relais très soutenu alors qu’il était tombé au sprint la veille en s’ôtant quelques couches de peau sur le flanc gauche, et Clément Braz Afonso, qui a fini le travail pour son leader. « Les mecs m’apportent beaucoup de sérénité et je pense que je leur en donne aussi, souligne Gaudu. Ils prennent du vent, ils me placent, ils frottent, ils prennent des risques avec moi dans leur roue. L’équipe a extrêmement bien travaillé à l’intersaison. Je trouve qu’on a passé un énorme cran dans la nutrition, l’entraînement et pas mal d’autres choses. On a été mis dans les meilleures dispositions pour passer l’hiver le plus parfait possible. »
Et cela porte donc ses fruits d’entrée. « David est en confiance sur son niveau, il a marché très, très fort en stage le mois dernier, on savait qu’il allait faire un gros début de saison, il en avait très envie, note Valentin Madouas, qui est aussi du voyage au MoyenOrient. C’était vraiment une arrivée pour lui ici, un peu comme le final de la Flèche Wallonne, mais en un peu plus long, et il ne s’est pas raté. Il a montré qu’il pouvait gagner le général. » Cela constituerait une première: Gaudu n’a encore remporté le classement final d’une course par étapes chez les pros (2e du Tour de l’Ain, 3e de l’UAE Tour, 2e de Paris-Nice et 3e du Tour du Luxembourg en huit ans). L’opportunité est belle de régler cette anomalie demain à Oman.
Le Finistérien devra pour cela résister aux assauts d’Adam Yates (2e, + 6’’) et de Valentin ParetPeintre(4 ,+18’’)danslespentes de Djebele Akhdar, la « Montagne Verte » (5,7 km à 10,5 %), de loin l’ascension la plus dure de la semaine, où se figera le classement général demain. « C’est une montée qui colle davantage à mes qualités, je pense être encore en course pour la victoire », pose « VPP », qui marche fort pour ses débuts chez Soudal-Quick Step. Mais Gaudu est en mission et ne prend pas son rôle de leader à la légère à Oman. Hier, alors que ses jeunes équipiers célébraient leur victoire torse nu après l’arrivée, il a vu que le vent se levait et leur a lancé: « Les gars, ne chopez pasfroid: on a encore du boulot.»
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« Un beau match d’homme à homme »
11 Feb 2025 - L'Équipe
G. Sc, à Eastern Mountain.
Adossé contre une caravane en attendant de pouvoir passer à l’ antidopage, David G au du fait le récit des a première victoire de l’ année, «souvent la plus difficile à aller chercher », souligne-t-il.
«Vous n’ aviez jamais gagné sitôt danslasaison.
Oui, ça fait du bien! J’ en avais besoin. J’ avais envie de gagner tôt en 2025: ça, c’ est fait. Ça fait plusieurs jours que je l’ avais en tête, cette étape. Dans la montée finale, on n’ a même pas eu à se parler avec les gars, il sont fait un boulot extraordinaire. Je trouve qu’ on court pile comme il faut depuis le départ ici. En plus, ça ouvre le compteur de l’ équipe qui n’ avait pas gagné jusque-làen2025.
Racontez-nous ce duel final face à Adam Y a tes.
J’ ai attaqué une première fois à un kilomètre de la ligne, Y a tes est venu me chercher, puis j’ ai attaqué une deuxième fois et c’ est encore revenu, mais je me sentais encore bien. J’ ai donc attaqué une troisième fois, car je savais que j’ avais du punch. Sur la fin, j’ ai senti revenir Y a tes dans mon dos, mais je ne suis pas retourné, je me suis dit: le moment où il déclenche, j’ y vais, et ça sera à la patte, bonhomme contre bonhomme et ce n’ est pas moi qui craquer ai. Depuis ce matin je l’ attendais, ce lactique. C’ est une filière sur laquelle j’ ai beaucoup travaillé cet hiver, et c’ est ça aussi qui a fait la différence.
Vous disiez être arrivé ici avec beaucoup deconfiance.
Oui, je me sens vraiment bien. Depuis quelques jours, je ne pensais qu’ à ce sprint final contre Y a tes. Je l’ attendais avec impatience. C’ était un beau match d’ homme à homme. Je n’ ai rien lâché et je ne vais rien lâcher jusqu’ à l’ arrivée mercredi(demain).»
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