Le peloton reprend du désert


Cinquante-huit coureurs découvrent cette année l’épreuve émirienne – dont la première étape a été remportée hier par l’Italien Jonathan Milan –, particulière en raison des paysages désertiques, de la chaleur et de sa confidentialité.

"C’est bien de découvrir des endroits après quinze ans chez les pros"
   - ADRIEN PETIT

18 Feb 2025 - L'Équipe
YOHANN HAUTBOIS

LIWA – Du sable, du sable et du sable. Et aussi des centaines de kilomètres de câbles haute tension, prolongés d’un pylône à l’autre, certains plus hauts que d’autres qui fendent l’ horizon dessiné entre le sol came let le camaïeu gris bleu du ciel. Le peloton s’est élancé, hier, de Madinat Zayed, à l’ouest de la capitale Abu Dhabi, dans un cadre lunaire, composé de grandes lignes droites, ellesmêmes bordées, parfois, d’une végétation retorse à pousser et de palmiers parfaitement alignés car irrigués par des tuyaux noirs posés au sol.Peu habitués à ce type de décor, les coureurs ont évolué sur des (auto)routes le plus souvent rectilignes, appréciant néanmoins le total dépaysement ressenti.

« C’est sûr, c’est particulier, notait à l’issue de cette première étape Paul Seixas, 26e et dans le temps du vainqueur, l’Italien Jonathan Milan. Je n’étais jamais venu par ici, ni pour courir ni pour rien (sourires). Je découvre les paysages, l’ambiance, c’est une expérience à vivre. »

Ce fut plus compliqué pour le Nordiste Adrien Petit (126e à 3’10’’), cramoisi par ce soleil qui semble se dissimuler derrière les nuages et les vents venus du désert mais qui finit par vous assommer, sans mot dire: « Putain, les premières chaleurs, c’est particulier, riait le baroudeur d’Intermarché-Wanty. On a eu le temps de rouler deux jours ici mais c’est différent d’être à l’entraînement avec de l’air et d’être dans le peloton, en plein milieu du désert. C’est un peu l’extrême entre la maison et ici (rires). Cela m’a coupé les pattes aujourd’hui. » En débarquant sur cette épreuve née en 2019 (elle a réuni le Tour d’Abu Dhabi et de Dubaï), les coureurs savaient pourtant à peu près à quoi s’attendre mais il ne faut jamais hésiter à se mouiller la nuque avant, à tout propos. À Madinat Zayed, le départ fut par exemple donné au sein d’une centrale électrique dernier cri, 258 048 panneaux solaires répartis sur 2,5 km2, ce qui a nécessité, selon les constructeurs, le déplacement de 5 millions de mètres cubes de sable: « C’est bien de découvrir des endroits après quinze ans chez les pros, souligne Petit, qui a déjà participé au Tour d’Arabie saoudite et d’Oman. C’est aussi un décor qu’on n’a pas l’habitude de voir. On en prend plein la vue. »

Évidemment, à part des écoliers du coin rapatriés, le public étaitassezéparsedanscelieureculé et très peu peuplé, ce qui n’a pas dérangé Florian Vermeersch, pourtant plus habitué au feu belge des classiques : « J’aime bien venir, c’est nouveau pour moi, je m’amuse. J’avais déjà disputé le Tour d’Oman la semaine passée, c’est un peu la même course mais ici,onestàlamaison,souritlecoureur en référence à sa formation UAE dont le partenariat avec les Émirats a été prolongé, hier, jusqu’en 2027. Dans ces pays, le cyclisme devient plus populaire, c’est bien que nous soyons ici, qu’il y ait une course. »

Hier, elle s’est animée après ce premier tronçon rectiligne de 45 kilomètres sur l’autoroute E45 qui traverse le Tropique du Cancer, un peu plus loin dans le désert, plus vallonné aussi : «Ce n’était pas si monotone que ça, estimait Seixas. Une fois sur le circuit (autour de Liwa), c’était tendu, il y avait toujours quelque chose à faire. J’étais concentré à bloc, peu importe ce qu’il y avait autour de moi. » L’espoir français de Décathlon-AG2R La Mondiale, plus jeune participant de l’épreuve (18 ans), aurait pu rouler dans les marais salants qu’il aurait été heureux pour ses débuts en World Tour, mais Cyril Dessel, son directeur sportif, qui n’a disputé que le Tour du Qatar en 2003, avait pris soin « de mentaliser la course avec les coureurs avant de venir. On leur dit que c’est une épreuve particulière, sincèrement pas la plus intéressante de l’année, en termes de stratégie ou de mouvement de course avec la présence des meilleurs sprinteurs du monde ».

Mais l’ancien vainqueur d’étape du Tour, en 2008, a été séduit par le format qui doit servir les ambitions à long terme de son leader, l’Autrichien Felix Gall, après avoir hésité avec la campagne européenne, plus bucolique et printanière: « Ici, il y a un chrono, des arrivées au sommet, c’est l’idéal pour performer avant ParisNice. » Au fur et à mesure que le peloton s’enfonçait dans le désert, sur une bande d’asphalte comme un serpent enfoncé au milieu des dunes se teintant d’ocre sous le soleil déclinant, le Belge William Junior Lecerf, première participation également, a pu profiter « des paysages, qui sont très beaux. On vient ici chercher le beau temps, pour préparer la saison en Europe dans les meilleures conditions possibles. C’est bien pour une ou deux courses mais toute la saison comme ça, ce serait chiant (sourires).»

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