L’énigme Van Aert


Sur l’Amstel Gold Race, avant-hier, le Belge Wout Van Aert 
a dû une fois encore se contenter d’une place d’honneur (4e).

Toujours placé mais jamais gagnant, le Belge peut sortir frustré de sa campagne des classiques où il lui a encore manqué la victoire qui le libérerait.

22 Apr 2025 - L'Équipe
PHILIPPE LE GARS

LIÈGE (BEL) – Wout Van Aert a appris à garder le sourire sur les lignes d’arrivée entre deux grimaces de souffrance ou des reflux gastriques, comme dimanche après l’Amstel Gold Race, qui ont failli asperger certains journalistes. Derrière ce masque de façade qui renvoie toujours cette image réelle d’un garçon poli et respectueux, on sent aussi une envie de tout balancer d’un revers de main quand revient cette énième question « Wout, comment expliques-tu ton manque de résultats ? ». Lui aussi se l’est posée depuis des mois, des années peut-être même, depuis sa victoire à Milan-San Remo en 2020, la seule sur un monument. S’il reste le coureur le plus performant de l’équipe Visma avec 43 succès sous ces couleurs (sur les 49 que compte sa carrière), il vit évidemment comme un manque douloureux de ne pas avoir encore réussi à décrocher la lune sur le Tour des Flandres et Paris-Roubaix, les deux rendez-vous pour lesquels il semblait destiné comme son rival de jeunesse en cyclo-cross Mathieu van der Poel. Si le Néerlandais a pris le large depuis leur passage sur la route, Wout Van Aert a dû se contenter des miettes. De quoi en effet se poser des questions alors qu’il a mis un terme dimanche soir à sa campagne des classiques avant de reprendre au Giro le 9 mai.

Un manque de confiance ?

On a trop souvent ramené Wout Van Aert à sa condition de rival de Mathieu van der Poel, un raccourci qu’il a combattu, car il n’a jamais calqué sa carrière sur celle du Néerlandais. Mais leur parcours imposait un parallèle inévitable parce qu’ils chassaient sur les mêmes terrains. Et au petit jeu des comparaisons, le Belge n’a évidemment pas suivi la même courbe, restant dans l’ombre de son adversaire. Sans jamais être ridicule, il a dû se contenter des accessits certes nombreux, comme cette saison avec deux quatrième places sur le Tour des Flandres et Paris-Roubaix, puis dimanche sur l’Amstel. C’est aussi son sprint raté à Waregem début avril lors d’À Travers la Flandre qui a laissé perplexe sur sa capacité à surpasser le stress de la victoire. Ce jour-là, il avait deux équipiers de Visma à ses côtés pour lui emmener le sprint proprement face à l’Américain Neilson Powless avant de s’effondrer.

Ou comme vendredi dernier face à Remco Evenepoel qui n’avait pas couru depuis le mois d’octobre dernier. Sa réponse ne varie pourtant pas d’un iota. «Je ne vois pas pourquoi j’aurais perdu la moindre confiance en moi, le problème, c’est qu’il y a toujours un ou deux coureurs plus forts que moi devant. » Une situation qui ne risque pas de s’arranger car, à 30ans, il a plus de chances de faire face à une nouvelle génération toute aussi ambitieuse .« Mais très peu de coureurs font mieux que lui, le défend son coéquipier Tiesj Benoot. S’il avait gagné à Waregem, la perception de sa campagne des classiques aurait été différente.»

Une perte de puissance au sprint ?

Sa pointe de vitesse était jusqu’à présent son point fort, qui lui a permis de remporter près de 30 % de ses succès au sprint. Mais après ses deux derniers échecs (À Travers la Flandre, la Flèche Brabançonne), il s’est lui-même interrogé sur ses jambes qui ne répondent plus au sprint. «C’est une réalité, mes sprints n’ont pas été à la hauteur durant ces classiques du printemps. J’ai raté deux victoires à cause de ça, c’est frustrant. » Surtout pour un coureur aussi puissant jusque-là sur des sprints massifs ou en petits groupes. «Pour l’instant, je n’ai pas d’explication, ajoute-t-il. On n’a pourtant rien changé à notre préparation cet hiver, mais c’est un domaine que je veux vraiment analyser.»

Le fait d’avoir voulu élargir son champ d’action sur les courses à étapes et les grands Tours notamment auraient pu aussi disperser ses forces? Le fait depoids pour passer la montagne et aider ses leaders (Primoz Roglic et aujourd’hui Jonas Vingegaard) auraient-il eu un effet proportionnellement inverse sur sa masse musculaire pour les sprints ? Tom Dumoulin, ancien de la maison Visma est allé plus loin dans une interview au quotidien flamand Het Nieuwsblad avant l’ Am stella semaine dernière en pointant les failles de la préparation au sein de l’équipe néerlandaise. «Avec leur façon de travailler très axée sur les datas, ils ont connu plusieurs années fastes, a-t-il expliqué. Cela fonctionne très bien avec certains coureurs mais moins pour d’autres : Fem Van Empel (chez les femmes), Cian Uijtdebroeks et Christophe Laporte par exemple sont moins bien depuis quelque temps. Pour (les entraîneurs de) Visma, le défi est de trouver un équilibre entre la science et le côté humain.»

Des repères en course moins évidents ?

Les absences répétées de Wout Van Aert en compétition au profit de longs stages en camp d’entraînement peut avoir aussi des conséquences inattendues comme le souligne Eddy Merckx. « Je ne comprendrais jamais qu’on puisse sacrifier des courses pour privilégier l’entraînement, s’interroge le champion belge. Les risques de ne plus retrouver ses réflexes dans un peloton sont trop importants, sans parler des chutes. »

C’est vrai que le Belge de l’équipe Visma n’a pas été épargné par les accidents ces derniers mois, depuis la Flèche Brabançonne et la Vuelta en 2024 et même dimanche à l’Amstel. Mais c’est surtout son manque de « flair » en course qui pose question. Dimanche soir, il admettait lui même qu’ il n’ avait pas vu le bon coup partir au moment de l’attaque de Remco Evenepoel. «J’ai commis une erreur d’appréciation à ce moment-là. Je n’avais pas suffisamment conscience que nous étions encore en lice pour la victoire.» Un aveu étonnant de la part d’un chasseur de classiques dont la qualité première doit être justement un sens aigu de la course et du placement.

***

L'enigma Van Aert

All'Amstel Gold Race dell'altro ieri, il ciclista belga Wout Van Aert  ha dovuto ancora una volta accontentarsi di un posto d'onore (4°).

Sempre piazzato e mai vincitore, il belga può guardare alla sua campagna delle classiche come a una esperienza frustrante, in cui gli è mancata ancora la vittoria che lo avrebbe liberato.

22 Apr 2025 - L'Équipe
PHILIPPE LE GARS

LIÈGE (BEL) - Wout Van Aert ha imparato a sorridere, al traguardo, tra smorfie di dolore o di reflusso gastrico, come ha fatto domenica dopo l'Amstel Gold Race, che ha quasi inzuppato alcuni giornalisti. Dietro quella facciata, che riflette sempre l'immagine reale di un ragazzo educato e rispettoso, si percepisce anche la voglia di buttare tutto alle ortiche quando arriva l'ennesima domanda: "Wout, come spieghi la tua mancanza di vittorie? Anche lui se lo chiede da mesi, forse addirittura da anni, da quando ha vinto la Milano-Sanremo nel 2020, l'unica sua monumento. Pur rimanendo il corridore della Visma più vittorioso, con 43 delle 49 vittorie in carriera arrivate con quei colori, sente la dolorosa mancanza di successi al Giro delle Fiandre e alla Parigi-Roubaix, i due eventi per i quali lui, come il suo rivale giovanile di ciclocross Mathieu van der Poel, sembrava destinato. Mentre l'olandese si è dato da fare sin dalla prima gara su strada, Wout Van Aert ha dovuto accontentarsi delle briciole. È bastato questo per far riflettere, visto che domenica sera ha concluso la sua campagna per le classiche prima di riprendere al Giro, il 9 maggio.

Mancanza di fiducia?

Wout Van Aert è stato troppo spesso ridotto a rivale di Mathieu van der Poel, una scorciatoia che ha combattuto, perché non ha mai modellato la sua carriera su quella del neerlandese. Ma si trattava di un parallelo inevitabile, perché i due gareggiavano sullo stesso terreno. E nel gioco dei confronti, il belga non ha seguito la stessa curva, rimanendo all'ombra del suo avversario. Senza mai essere ridicolo, ha dovuto accontentarsi di una serie di piazzamenti, come ha fatto in questa stagione con due quarti posti al Giro delle Fiandre e alla Parigi-Roubaix, e poi ancora domenica all'Amstel. È stato anche il suo sprint fallito a Waregem all'inizio di aprile nella Attraverso le Fiandre a farci chiedere se fosse in grado di superare lo stress della mancata vittoria. Quel giorno, aveva al suo fianco due compagni nella Visma che lo avevano portato a lottare per vincere lo sprint in modo pulito contro l'americano Neilson Powless, prima di crollare.

O come venerdì scorso contro Remco Evenepoel, che non gareggiava dallo scorso ottobre (il 12, al Lombardia, ndr). Ma la sua risposta non cambia di una virgola. “Non vedo perché avrei dovuto perdere fiducia in me stesso, il problema è che davanti ci sono sempre uno o due corridori più forti di me”. È una situazione che non è destinata a migliorare, perché a 30 anni è più probabile che si trovi ad affrontare una nuova generazione altrettanto ambiziosa. "Ma pochi corridori fanno meglio di lui", lo difende il suo compagno di squadra Tiesj Benoot. "Se avesse vinto a Waregem, la percezione della sua campagna per le classiche sarebbe stata diversa".

Una perdita di potenza in volata?

Finora è stata la velocità il suo punto di forza, permettendogli di vincere quasi il 30% delle sue volate. Ma dopo gli ultimi due insuccessi (Attraverso le Fiandre, Freccia del Brabante), si è interrogato sulle sue gambe, che non rispondono più agli sprint. "È un dato di fatto, le mie volate non sono state all'altezza in queste classiche di primavera. Ho perso due vittorie per questo motivo, è frustrante". Soprattutto per un corridore che finora è stato così potente negli sprint di massa o nei gruppetti. "Per il momento non ho una spiegazione", aggiunge. Non abbiamo cambiato niente nella nostra preparazione quest'inverno, ma è un'area che voglio analizzare".

Il fatto di voler ampliare il suo campo d'azione nelle corse a tappe e nei Grandi Giri in particolare può aver disperso la sua forza? Il fatto di dover perdere peso per affrontare le grandi salite e aiutare i suoi leader (Primoz Roglic e ora Jonas Vingegaard) potrebbe aver avuto un effetto proporzionalmente inverso sulla sua massa muscolare per le volate? Tom Dumoulin, ex membro della Visma, si è spinto oltre in un'intervista rilasciata al quotidiano fiammingo Het Nieuwsblad prima dell'Amstel Gold Race della scorsa settimana, sottolineando i difetti di preparazione della squadra olandese. Con il loro modo di lavorare molto basato sui dati, hanno avuto diverse annate positive", ha spiegato. Funziona molto bene con alcuni corridori, ma non altrettanto con altri: Fem van Empel (nella squadra femminile), Cian Uijtdebroeks e Christophe Laporte, ad esempio, da qualche tempo non vanno molto bene. Per (i preparatori della Visma), la sfida è trovare un equilibrio tra l'approccio scientifico e quello umano".

Punti di riferimento meno evidenti durante la gara?

Anche le ripetute assenze di Wout Van Aert dalle competizioni a favore di lunghi training camp (in altura, ndr) possono avere conseguenze inaspettate, come sottolinea Eddy Merckx. "Non capirò mai perché qualcuno sacrifichi le gare a favore dell'allenamento", dice l'ex campione belga. "I rischi di perdere i riflessi in gruppo sono troppo elevati, per non parlare del rischio di cadute".

È vero che il corridore belga del team Visma non è stato risparmiato dagli incidenti negli ultimi mesi, dalla Freccia del Brabante e alla Vuelta del 2024 fino alla Amstel di domenica. Ma è soprattutto la sua mancanza di “estro” nelle corse a sollevare dubbi. Domenica sera, lui stesso ha ammesso di non aver visto la mossa giusta quando Remco Evenepoel ha attaccato. "Ho commesso un errore di valutazione in quel momento. Non ero sufficientemente consapevole che eravamo ancora in lizza per la vittoria". Un'ammissione sorprendente da parte di un cacciatore di classiche la cui prima qualità deve essere un acuto senso della corsa e del posizionamento.

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