Le carton jaune se fait une place
L’an dernier sur le Tour, les sprints massifs ont parfois donné lieu à des comportements litigieux, comme à Villeneuve-sur-Lot, le 11 juillet où Arnaud Démare (à g.) et Mark Cavendish (maillot
bleu clair, à moitié caché par le vainqueur Biniam Girmay) avaient été déclassés.
Cette année, ils auraient pu écoper d’un carton jaune.
Depuis janvier, il sévit dans les pelotons, en particulier lors des sprints massifs. Si certains n’en font pas grand cas, d’autres reprochent que les règles du jeu sont trop évasives.
"Dans de nombreux cas, il n’est pas évident de
savoir si un carton jaune est approprié ou non"
- ROLF ALDAG, DIRECTEUR SPORTIF
DE RED BULL-BORA HANSGROHE
3 Jul 2025 - L'Équipe
AUDREY QUÉTARD
En test depuis l’été dernier, et effectif depuis janvier, le système punitif des cartons jaunes s’est introduit dans le peloton sans grand bruit mais sans pour autant faire de la figuration. 158 ont déjà été distribués depuis la reprise, 23 depuis début juin. Il y a dix jours, le Néerlandais Oscar Riesebeek (Alpecin-Deceuninck) est devenu le premier coureur suspendu une semaine pour avoir reçu deux cartons jaunes sur le Tour de Belgique. Il avait, par deux fois, remonté le peloton sur le bas-côté à l’approche du sprint.
Au palmarès des motifs les plus invoqués, les mouvements un peu trop audacieux lors d’arrivées massives – vague, freinage brusque, coup de coude ou d’épaule – ouvrent forcément la voie. Et les polémiques aussi. Sur la 4e étape du Giro, deux coureurs ont été avertis: Max Kanter, en essayant de se coller aux roues du train de tête, a perturbé la trajectoire de Mads Pedersen, alors maillot rose; Bram Welten, lui, a décéléré dangereusement.
De quoi indigner notamment l’ancien coureur britannique AdamBlythe«C’ est de la foutaise », s’ indignait-il sur TNT Sports, s’appuyant sur le cas Kanter: « L’UCI dit qu’il faut rester sur sa ligne. Mais en fait, ne restez pas sur cette ligne parce que vous pourriez gêner quelqu’un. C’est ridicule. Alors que c’est ça le sprint: des manoeuvres, de l’audace, des mouvements subtils. L’UCI est en train de ruiner petit à petit les sprints en peloton. » En cas de deuxième carton sur une même épreuve, le puni risque une éviction de la course, une suspension de deux semaines s’il en prend un troisième dans le mois, et trente jours au sixième sur une période d’un an.
Aucun coureur n’est vraiment sur la sellette avant le Tour. Si dix d’entre eux ont reçu un carton au cours des trente derniers jours, seuls Nils Politt (UAE Emirates) et Paul Penhoët (Groupama-FDJ) sont au départ. Et dans sept jours, leur période à risque s’achèvera. Pour tous les autres, seule une double sanction pendant l’épreuve pourrait entraîner une exclusion, et une suspension d’une semaine. « On n’a pas encore eu trop de cartons, reconnaît Kurt Van de Wouwer, manager sportif chez Lotto Pro Cycling. Mais à l’avenir, ça pourra avoir une incidence, surtout sur un Grand Tour. Si un coureur en a déjà eu un, il sera un peu plus attentif aux dangers, surtout dans les sprints. » Et il voit dans cette réforme une prévention plus qu’une sanction: «Dans le football, si un joueur a un carton, un coach peut potentiellement le changer par quelqu’un d’autre. Dans le vélo, ça n’aura pas beaucoup d’influence sur la tactique. Je ne pense pas qu’un coureur qui a déjà reçu un carton puisse vraiment en recevoir un deuxième.»
Il n’empêche, les vingt critères d’attribution de ce que Marc Madiot nomme « un gadget » font tiquer. Pour les plus illustres, la position non conforme, le ravitaillement irrégulier – le célèbre «bidon collé» - et les déviations de trajectoire au sprint, donc. «Le plus important, c’est la cohérence et la transparence dans la prise de décision – ce qui, pour l’instant, n’est pas toujours facile à identifier, regrette Rolf Aldag, directeur sportif de Red Bull-Bora Hansgrohe, déjà sanctionnée à trois reprises lors d’arrivées massives. Dans de nombreux cas récents, il n’est pas évident de savoir si un carton jaune est approprié ou non.
Quand chacun saura clairement quand et pourquoi un carton jaune est émis et ce qu’il signifie, cela deviendra un outil utile. Et la controverse initiale qui entoure souvent l’innovation s’apaisera probablement. »
Les sprinters eux rejoignent le camp des plaintifs. Les règles, jugées trop floues, les font naviguer à vue. « Ne pas applaudir un coéquipier qui remporte un sprint massif, c’est une règle claire, illustre Elmar Reinders, le poissonpilote de Dylan Groenewegen.
Mais comment garder sa ligne ? Quand on arrive par-derrière, il faut toujours aller à gauche ou à droite à un moment ou à un autre. » Contactée, l’UCI n’a pas donné suite.
« Mais ça reste une décision humaine, nuance Kurt Van de Wouver. D’autant plus que, dans le vélo, c’est compliqué de tout voir, souvent seuls les commissaires ont un bon aperçu de ce qu’il s’est passé. »
Reste le constat de l’augmentation des gamelles à haute vitesse qui précèdent, parfois, de longs séjours à l’hôpital. Le carton jaune enrayera-t-il ce problème ? Le Tour apportera un éclairage supplémentaire, avant que l’UCI ne s’attaque à la vitesse, via la limitation des braquets.
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Brailsford de retour avec Ineos Grenadiers
Après avoir été impliqué ces dernières saisons à Nice et Manchester United, clubs de foot de la galaxie Ineos, l’Anglais va retrouver le vélo et le Tour auprès de son équipe de toujours.
3 Jul 2025 - L'Équipe
ANTHONY CLÉMENT
LILLE – Grand architecte des victoires de Sky puis d’Ineos sur le Tour, avec Bradley Wiggins (2012), Christopher Froome (2013, 2015, 2016, 2017), Geraint Thomas (2018) et Egan Bernal (2019), Dave Brailsford a connu moins de succès en tant que directeur du sport d’Ineos, rôle qui l’a conduit à occuper des fonctions de dirigeant à l’OGC Nice et à Manchester United. Il a quitté le club anglais à la fin de la saison pour revenir au vélo, son domaine de prédilection, et il va donc retrouver le Tour dans le costume de conseiller d'Ineos Grenadiers.
Attendu demain à Lille, il n’était pas présent hier à la conférence de presse de l’équipe mais son retour a été évoqué par John Allert. « Dave va arriver sur le Tour, il s'investit à fond, a confirmé le directeur général d’Ineos Grenadiers. Il adore ça. Je lui ai parlé plus tôt dans la journée, il était comme un enfant dans un magasin de bonbons qui parlait des prochains cols… C'est le champ de bataille qu'il connaît et qu'il apprécie. On l'a accueilli à bras ouverts dans l'équipe, il est une arme pas si secrète que nous comptons bien utiliser au maximum. C'est super de le revoir. »
Brailsford revient toute fois dans un contexte plus compliqué, où les Britanniques ne sont plus les rois du peloton. Face à la puissance d’UAE et de Visma-Lease a bike, il n'est pas question de viser le maillot jaune à Paris. Cinquième du Tour 2023, Carlos Rodriguez ne se pose surtout pas en rival de Tadej Pogacar ou Jonas Vingegaard. « Je pense arriver en bonne forme et je viens sans la pression d’un objectif précis, assure l’Espagnol. Je veux seulement être le plus haut possible au classement général.» Il pourra compter sur l’expérience de Geraint Thomas, remis de sa chute au Tour de Suisse et prêt à débuter son quatorzième et dernier Tour. Capitaine de route, le Gallois rêve d’une victoire d’étape, comme Filippo Ganna qui a déjà l’esprit tourné vers le chrono de Caen, mercredi. Derrière les trois principales forces de l’équipe, le Français Axel Laurance rêve aussi de lever les bras.
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Il cartellino giallo reclama il posto
L'anno scorso al Tour, gli sprint di massa hanno talvolta dato luogo a comportamenti controversi, come l'11 luglio a Villeneuve-sur-Lot, dove Arnaud Démare (a sinistra) e Mark Cavendish (in maglia azzurra, seminascosto dal vincitore Biniam Girmay) sono stati declassati. Quest'anno, avrebbero potuto ricevere un cartellino giallo.
Da gennaio, il fenomeno è dilagato nelle volate, in particolare durante gli sprint di gruppo. Mentre alcuni corridori non ne fanno un dramma, altri si lamentano che le regole del gioco sono troppo vaghe.
"In molti casi, non è chiaro se un cartellino giallo sia appropriato o no".
- ROLF ALDAG, DIRETTORE SPORTIVO
RED BULL-BORA-HANSGROHE
3 luglio 2025 - L'Équipe
AUDREY QUÉTARD
In prova dall'estate scorsa e in vigore da gennaio, il sistema punitivo dei cartellini gialli si è fatto strada nel gruppo senza grandi clamori, ma non si tratta solo di fare numero. Dall'inizio della stagione ne sono stati emessi 158, e 23 dall'inizio di giugno. Dieci giorni fa, il neerlandese Oscar Riesebeek (Alpecin-Deceuninck) è stato il primo corridore a essere squalificato per una settimana per aver ricevuto due cartellini gialli al Giro del Belgio. Per due volte aveva spinto il gruppo a lato della strada in vista dello sprint.
Nell'elenco dei motivi più spesso citati, i movimenti un po' troppo audaci durante gli arrivi di gruppo - ondeggiamenti, frenate improvvise, gomitate o spallate - avvengono inevitabilmente in testa. E anche le polemiche. Nella quarta tappa del Giro d'Italia, due corridori sono stati ammoniti: Max Kanter, cercando di restare a ruota del gruppo di testa, ha disturbato la traiettoria di Mads Pedersen, allora maglia rosa, mentre Bram Welten ha decelerato pericolosamente.
Questo è bastato a indignare soprattutto l'ex corridore britannico Adam Blythe: “È una sciocchezza”, ha detto risentito a TNT Sports, riferendosi al caso Kanter: "L'UCI dice che bisogna rimanere sulla propria linea. Ma in realtà non devi starci perché potresti intralciare qualcuno. È ridicolo. Ma lo sprint è proprio questo: manovre, movimenti audaci e sottili. L'UCI sta gradualmente rovinando gli sprint di gruppo. In caso di secondo cartellino nello stesso evento, il corridore punito rischia l'espulsione dalla corsa, una squalifica di due settimane se prende un terzo cartellino entro un mese, e di trenta giorni per il sesto cartellino nell'arco di un anno.
Nessun corridore è davvero in pericolo prima del Tour. Sebbene dieci di loro abbiano ricevuto un cartellino negli ultimi trenta giorni, solo Nils Politt (UAE Emirates) e Paul Penhoët (Groupama-FDJ) sono al via. E tra sette giorni il loro periodo di rischio finirà. Per tutti gli altri, solo una doppia penalità durante la gara potrebbe portare all'esclusione e alla sospensione di una settimana. "Non abbiamo ancora ricevuto troppi cartellini", ammette Kurt Van de Wouwer, direttore sportivo della Lotto Pro Cycling. "Ma in futuro potrebbero avere un impatto, soprattutto nei grandi Giri. Se un corridore ne ha già avuto uno, sarà un po' più consapevole dei pericoli, soprattutto nelle volate". E vede questa riforma più come una prevenzione che come una punizione: "Nel calcio, se un giocatore ha un cartellino, un allenatore può sostituirlo con qualcun altro. Nel ciclismo, questo non avrà molta influenza sulle tattiche. Non credo che un corridore che ha già ricevuto un cartellino possa davvero riceverne un secondo".
Tuttavia, i venti criteri per l'assegnazione di quello che Marc Madiot chiama “un gadget” fanno sorgere qualche dubbio. I più illustri sono le posizioni non conformi, il rifornimento irregolare - la famigerata “bidon collé” - e le deviazioni dalla traiettoria durante gli sprint. Gli aspetti più importanti sono la coerenza e la trasparenza del processo decisionale, che al momento non è sempre facile da individuare", lamenta Rolf Aldag, direttore sportivo della Red Bull-Bora-hansgrohe, che è già stata penalizzata tre volte durante gli arrivi di gruppo. In molti casi recenti, non è chiaro se un cartellino giallo sia stato appropriato oppure no. Quando sarà chiaro a tutti quando e perché viene emesso un cartellino giallo e cosa significa, diventerà uno strumento utile. E la polemica iniziale che spesso circonda l'innovazione probabilmente si placherà".
Per quanto riguarda i velocisti, si uniscono al campo dei lamentosi. Le regole, giudicate troppo vaghe, impongono loro di navigare a vista. "Non applaudire un compagno di squadra che vince uno sprint di gruppo è una regola chiara", spiega Elmar Reinders, il pesce-pilota di Dylan Groenewegen. "Ma come si fa a mantenere la linea? Quando si arriva da dietro, a un certo punto si deve sempre andare a destra o a sinistra". Contattata, l'UCI non ha risposto.
"Ma si tratta comunque di una decisione umana", aggiunge Kurt Van de Wouver. Soprattutto perché, nel ciclismo, è complicato vedere tutto e spesso solo i commissari hanno una buona visione d'insieme di ciò che è accaduto".
Resta il fatto che sono aumentate le cadute ad alta velocità, che a volte portano poi a lunghi ricoveri in ospedale. Il cartellino giallo porrà fine a questo problema? Il Tour farà ulteriore luce sulla questione, prima che l'UCI affronti la questione della velocità limitando i rapporti di trasmissione.
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Brailsford di nuovo alla Ineos Grenadiers
Dopo essere stato impegnato nelle ultime stagioni con il Nizza e il Manchester United, entrambi club calcistici della galassia-Ineos, l'inglese tornerà al ciclismo e al Tour con la sua squadra di lunga data.
3 lug 2025 - L'Équipe
ANTHONY CLÉMENT
LILLE - Grande artefice delle vittorie al Tour prima con la Sky e poi la Ineos, con Bradley Wiggins (2012), Christopher Froome (2013, 2015, 2016, 2017), Geraint Thomas (2018) ed Egan Bernal (2019), Dave Brailsford ha avuto meno successo come direttore sportivo del gruppo Ineos, ruolo che lo ha portato a ricoprire incarichi dirigenziali presso il Nizza e poi al Manchester United. Ha lasciato il club inglese alla fine della stagione calcistica per tornare al ciclismo, il suo terreno d'elezione, e ora tornerà al Tour de France come consulente della Ineos Grenadiers.
Atteso a Lille domani (venerdì 4 luglio, ndr), ieri (mercoledì 2) non era presente alla conferenza stampa della squadra, ma il suo ritorno è stato menzionato da John Allert. "Dave tornerà al Tour e ci sta mettendo tutta la sua energia", ha confermato l'amministratore delegato della Ineos Grenadiers. "Gli piace molto. Ho parlato con lui oggi ed era come un bambino in un negozio di dolciumi che parlava dei prossimi colli... È il campo di battaglia che più conosce e che più ama. Lo abbiamo riaccolto in squadra a braccia aperte ed è un'arma non tanto segreta che intendiamo sfruttare al massimo. È fantastico riaverlo con noi".
Brailsford tuttavia torna in un contesto più complicato, in cui i britannici non sono più i re del gruppo. Di fronte alla potenza dell'UAE Emirates-XRG e della Visma-Lease a bike, non c'è il dubbio di poter puntare alla maglia gialla a Parigi. Quinto al Tour 2023, Carlos Rodríguez non ha intenzione di porsi come rivale di Tadej Pogacar o di Jonas Vingegaard. "Penso che arriverò in buona forma e mi presenterò senza la pressione di un obiettivo specifico", dice lo spagnolo. "Voglio solo arrivare il più in alto possibile nella classifica generale". Potrà contare sull'esperienza di Geraint Thomas, che si è ripreso dalla caduta al Giro di Svizzera ed è pronto a iniziare il suo quattordicesimo e ultimo Tour. Come capitano, il gallese sogna una vittoria di tappa, così come Filippo Ganna, la cui mente è già rivolta alla cronometro di Caen di mercoledì. Dietro le tre punte della squadra, sogna di alzare le braccia anche il francese Axel Laurance.
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