LE COL DE LA LOSE


D’UNE MAIN DE FER

TADEJ POGACAR a de nouveau écoeuré JONAS VINGEGAARD tout en haut de la Loze. Avant la dernière journée en montagne, le Maillot Jaune augmente son avance de 9 secondes sur le Danois.

D’UNE MAIN DE FER - L’étape reine des Alpes et sa dernière ascension terrible n’ont fait qu’entériner la défaite et l’impuissance de Jonas Vingegaard et des Visma face à Tadej Pogačar. Ben O’Connor a profité du marquage entre les deux pour aller s’imposer en solitaire au sommet de la Loze.

25 Jul 2025 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS

COL DE LA LOZE (SAVOIE) – «Le Tour n’est pas fini. » On aurait préféré se jeter d’un de ces pitons rocheux où la foule s’était amassée tout en haut du col de la Loze, un peuple joyeux, agité, dont les contours, les silhouettes dessinaient comme un théâtre d’ombres dans la brume, s’écraser plus bas sur un parterre de rocailles et de fleurs sauvages, plutôt que d’entendre Jonas Vingegaard prononcer ces mots à l’arrivée. On se serait même arraché tous les ongles des deux mains, tiens. Il y a des limites à la langue de bois et aussi à l’auto-persuasion, à se moquer des autres et surtout de soi-même. On comprend que le Danois ne peut affirmer le contraire, mais il n’est pas non plus obligé de débiter comme un robot une phrase à laquelle il ne croit pas, à laquelle il ne peut pas croire puisque depuis le départ du Tour de France, il n’a jamais réussi à prendre la moindre seconde à Tadej Pogačar. Et l’étape d’hier nous a prouvé qu’il n’y croyait plus.

Depuis qu’il est acculé au classement général et sur la route, on attend du leader des Visma-Lease a bike qu’il lance un mouvement de grande ampleur et dans la Madeleine, hier, on crut que le moment était venu. Jusque-là, ses «Frelons» avaient exécuté leur plan à la perfection. Ils avaient dégagé Marc Soler de la tête du peloton pour prendre le manche à 15 km du sommet, un premier tour de vis de Wout VanAert et Tiesj Benoot, un relais de Simon Yates, puis Sepp Kuss a sorti le marteau-piqueur et le bitume s’est ouvert sous les roues de nombreux membres du groupe des favoris pour les précipiter par le fond, à commencer par tous les équipiers du Maillot Jaune. Même pas dix bornes et le ménage était fait. Il n’y avait plus que Florian Lipowitz dans les parages et Vingegaard alluma le dernier étage de la fusée d’une première attaque.

L’étonnante attitude de Jorgenson

Pogačar y répondit avec aisance, mais il était isolé, avec plus de 70km à parcourir et si les deux furent en tête-à-tête un moment, le Danois retrouva rapidement Matteo Jorgenson, qui patrouillait à l’avant dans un groupe de solides avec Primož Roglič, Ben O’Connor, Felix Gall et Einer Rubio. L’Américain avala la descente de la Madeleine à fond pour mettre sous tension le champion du monde, on se disait que la situation était alors idéale pour les Visma, leur leader naviguait avec son meilleur lieutenant en montagne en approche du dernier col, où ce dernier n’aurait qu’à vider le réservoir pour installer la rampe de lancement et, ensuite, Vingegaard se jetterait dans la pente, à la vie à la mort. Eh bien non.

Dans la plaine, à plus de 40 km du terme, O’Connor profita d’un moment de flottement pour flinguer, suivi par Rubio et… Jorgenson. Que l’équipier de Vingegaard marque les fuyards, pourquoi pas, mais pourquoi se mit-il à rouler, à passer des relais? À gaspiller une énergie qu’il aurait pu mettre au service des desseins de son patron ? D’autant plus qu’il explosa au bout de deux bornes d’ascension de la Loze et qu’il ne servit plus à rien ensuite. Derrière, on était en train de s’enterrer, Pogačar et Vingegaard se marquaient et, alors que les Visma s’étaient appliqués à concasser la course, tout le monde revint de l’arrière, Lipowitz, le groupe Onley, celui de Vauquelin et surtout les équipiers du Maillot Jaune. Retour à la case départ, opération nulle.

Vingegaard n’est pas prêt à « mourir » pour battre Pogačar

La formation néerlandaise s’est arrêtée à mi-chemin, elle n’est pas allée au bout de son idée et son encadrement ne nous fera pas croire que c’est parce que personne ne roulait avec eux. Ils avaient créé cette situation, à eux de l’assumer, et puis qu’en avaient-ils à faire des autres, leur seule mission ne devrait-elle pas être de tenter de bousculer Pogačar? Mais hier, Vingegaard nous a convaincus qu’il n’était pas prêt à tout perdre pour essayer de gagner le Tour de France, qu’il n’était pas prêt à « mourir » pour le battre, et son attaque pour la forme à 2 km du sommet de la Loze n’y change rien, surtout quand on a déjà 4 minutes dans la vue. Comme s’il y avait en lui un frein, voire une peur, un traumatisme, tellement son meilleur ennemi lui a cassé les jambes et mangé la cervelle depuis le Critérium du Dauphiné, voire depuis plus longtemps.

Comme si, malgré les discours de façade, lui et son équipe avaient accepté depuis un moment leur défaite, à défendre leur 2e place et à chasser quelques étapes, et quand Jorgenson est parti hier avec Thymen Arensman dans le Glandon, que les deux sont restés seuls devant un moment, l’Américain avait en réalité autant l’étape en tête qu’un rôle hypothétique d’appui pour plus tard. La bataille du général est tout de même ankylosée, anesthésiée depuis le double coup de matraque de Pogačar, dans le chrono de Caen et à Hautacam, et même le Slovène était encore, hier, dans sa tenue de défenseur.

Il n’a pas tremblé quand les Visma l’ont chatouillé, mais il ne s’est pas non plus laissé griser par tous ceux qui lui rabâchaient qu’il avait une revanche à prendre à la Loze. Il a attaqué à 500m de la ligne, pour la forme là aussi, et a grappillé quelques secondes de plus, mais il continue de courir à l’économie, autant que possible en tout cas, pour lui mais aussi pour son équipe, qui n’est plus aussi surpuissante qu’en début de Tour et c’est dans ce type de journée que l’absence de João Almeida a pesé. Quant à l’hypothèse de soigner sa popularité en posant un anneau gastrique sur sa gloutonnerie, on veut bien y croire pour des étapes comme Boulogne-sur-Mer, le Mont-Dore ou même Superbagnères, mais pas au Ventoux ou à la Loze, sinon autant arrêter sa carrière.

Vauquelin a évité le naufrage

Tout cela a en tout cas permis à O’Connor d’aller s’imposer en solitaire en haut de la Loze, après avoir largué Rubio à 16km du sommet. Et à Kévin Vauquelin d’éviter un naufrage, car le Normand avait été déposé de bonne heure dans la Madeleine, mais il a cette faculté à ne pas se démobiliser et à lisser ses efforts pour limiter la casse. Il recule d’une place au général, dépassé par Gall, offensif d’un bout à l’autre de la journée, mais le top 10 à Paris lui tend quand même désormais les bras.

Il reste une grande journée de montagne aujourd’hui, vers La Plagne, la dernière, où Oscar Onley, impressionnant hier notamment dans sa gestion, va continuer de souffler sur la nuque de Lipowitz et de lorgner la 3e place de l’Allemand. Où l’on peut s’attendre à un ultime feu d’artifice, du moins pour l’échappée et la victoire d’étape, a fortiori sur une étape raccourcie. Car pour le bras de fer entre Pogačar et Vingegaard, on ne préjugera plus de rien.

***

IL COLLE DELLA SCONFITTA

CON PUGNO DI FERRO

La tappa regina sulle Alpi e la sua ultima, terribile salita non hanno fatto altro che confermare la sconfitta e l'impotenza di Jonas Vingegaard e della sua Visma di fronte a Tadej Pogačar. Ben O'Connor ha approfittato del marcamento tra i due per imporsi in solitaria sulla cima della Loze.

TADEJ POGACAR ha nuovamente battuto JONAS VINGEGAARD in cima alla Loze. Prima dell'ultima giornata in montagna, la maglia gialla aumenta di 9 secondi (in realtà 11, con i 2" di abbuono, ndr) il suo vantaggio sul danese.



25 luglio 2025 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS

COL DE LA LOZE (SAVOIA) – «Il Tour non è finito». Avremmo preferito buttarci da uno di quei picchi rocciosi dove la folla si era radunata in cima al Col de la Loze, un popolo gioioso, agitato, i cui contorni, le sagome disegnavano come un teatro di ombre nella nebbia, schiantarci più in basso su un tappeto di rocce e fiori selvatici, piuttosto che sentire Jonas Vingegaard pronunciare queste parole all'arrivo. Ci saremmo persino strappati le unghie delle mani, ecco. Ci sono dei limiti alla retorica e anche all'auto-persuasione, al prendersi gioco degli altri e soprattutto di se stessi. Si capisce che il danese non possa affermare il contrario, ma non è che sia obbligato a ripetere come un robot una frase in cui non crede, in cui non può credere, dato che dall'inizio del Tour de France non è mai riuscito a guadagnare nemmeno un secondo su Tadej Pogačar. E la tappa di ieri ci ha dimostrato che non ci credeva più.

Da quando è stato messo alle strette in classifica generale e sulla strada, ci si aspettava che il leader della Visma-Lease a bike lanciasse un'azione di grande portata e ieri, sulla Madeleine, si pensava fosse giunto il momento. Fino a quel momento, i suoi “Frelons” (Calabroni) avevano eseguito il loro piano alla perfezione. Avevano staccato Marc Soler dalla testa del gruppo per prendere il comando a 15 km dalla vetta, con una prima accelerazione di Wout Van Aert e Tiesj Benoot, un cambio di Simon Yates, poi Sepp Kuss ha tirato fuori il martello pneumatico e l'asfalto si è aperto sotto le ruote di molti membri del gruppo dei favoriti, facendoli precipitare in fondo, a cominciare da tutti i compagni di squadra della maglia gialla. Neanche dieci chilometri e il lavoro era fatto. Era rimasto solo Florian Lipowitz e Vingegaard ha acceso l'ultimo stadio del razzo con un primo attacco. 

L'atteggiamento sorprendente di Jorgenson

Pogačar ha risposto con disinvoltura, ma era isolato, con oltre 70 km da percorrere, e sebbene i due fossero testa a testa per un momento, il danese ha presto raggiunto (il suo compagno) Matteo Jorgenson, che pattugliava in testa un gruppo di corridori forti con Primož Roglič, Ben O'Connor, Felix Gall e Einer Rubio. L'americano ha divorato la discesa della Madeleine per mettere sotto pressione il campione del mondo, e si pensava che la situazione fosse ideale per la Visma, con il loro leader che navigava con il suo miglior gregario in montagna all'approccio dell'ultimo passo, dove quest'ultimo avrebbe dovuto solo svuotare il serbatoio per preparare la rampa di lancio e poi Vingegaard si sarebbe lanciato nella discesa, all'ultimo sangue. E invece no.

In pianura, a più di 40 km dal traguardo, O'Connor ha approfittato di un momento di indecisione per scattare, seguito da Rubio e... Jorgenson. Che il compagno di squadra di Vingegaard marcasse i fuggitivi, perché no, ma perché ha iniziato a tirare, a fare i turni? A sprecare energie che avrebbe potuto mettere al servizio dei piani del suo capitano? Tanto più che è esploso dopo due chilometri di salita della Loze e che poi non è più servito a nulla. Dietro, si stavano arenando, Pogačar e Vingegaard si marcavano a vicenda e, mentre la Visma si concentrava a spezzare la corsa, tutti recuperavano: Lipowitz, il gruppo di Onley, il gruppo di Vauquelin e soprattutto i compagni della maglia gialla. Si tornava al punto di partenza, parità.

Vingegaard non è pronto a “morire” per battere Pogačar 

La squadra neerlandese si è fermata a metà strada, non ha portato a termine il suo piano e il suo staff non ci convincerà che ciò sia stato dovuto al fatto che nessuno ha collaborato con loro. Hanno creato loro quella situazione, spettava a loro assumersene la responsabilità, e poi che cosa gliene importava degli altri, la loro unica missione non doveva essere quella di cercare di mettere in difficoltà Pogačar? Ma ieri Vingegaard ci ha convinti che non era disposto a perdere tutto per cercare di vincere il Tour de France, che non era disposto a “morire” per batterlo, e il suo attacco di facciata a 2 km dalla cima della Loze nulla cambia, soprattutto quando si hanno già 4 minuti di svantaggio. Come se ci fosse in lui un freno, o addirittura una paura, un trauma, tanto il suo miglior nemico gli ha spezzato le gambe e gli ha mangiato il cervello dal Critérium du Dauphiné, o forse da ancora più tempo.

Come se, nonostante le dichiarazioni di facciata, lui e la sua squadra avessero accettato da tempo la sconfitta, difendendo il secondo posto e puntando a qualche tappa, e quando ieri Jorgenson è partito sul Glandon con Thymen Arensman, rimanendo entrambi da soli in testa per un po', l'americano aveva in realtà in mente tanto la tappa quanto un ipotetico ruolo di sostegno per il futuro. La battaglia per la classifica generale è comunque paralizzata, anestetizzata dal doppio colpo di Pogačar, nella cronometro di Caen e a Hautacam, e pure lo sloveno ieri era ancora nella sua veste di difensore.

Non ha tremato quando i Visma lo hanno stuzzicato, ma nemmeno si è lasciato inebriare da tutti quelli che gli ripetevano che aveva una rivincita da andare a prendersi sulla Loze. Ha attaccato a 500 metri dal traguardo, anche in questo caso per pro-forma, e ha guadagnato qualche secondo (11, ndr) in più, ma continua a correre con parsimonia, per quanto possibile, sia per sé stesso sia per la sua squadra, che non è più così potente come all'inizio del Tour, ed è in giornate come questa che l'assenza di João Almeida ha pesato. Per quanto riguarda l'ipotesi di curare la sua popolarità mettendosi un anello gastrico alla gola, ci crediamo volentieri per tappe come Boulogne-sur-Mer, Mont-Dore o anche Superbagnères, ma non al Ventoux o alla Loze, altrimenti tanto vale smettere la carriera.

Vauquelin ha evitato il naufragio

Tutto ciò ha comunque permesso a O'Connor di imporsi in solitaria in cima alla Loze, dopo aver staccato Rubio a 16 km dalla vetta. E a Kévin Vauquelin di evitare un naufragio, perché il normanno era stato staccato presto alla Madeleine, ma ha questa capacità di non demoralizzarsi e di dosare le energie per limitare i danni. Retrocede di una posizione nella classifica generale, superato da Gall, aggressivo dall'inizio alla fine della giornata, ma la top 10 a Parigi gli arride comunque.

Oggi ci aspetta un'altra grande giornata di montagna, verso La Plagne, l'ultima, dove Oscar Onley, impressionante ieri soprattutto nella sua gestione, continuerà a stare alle calcagna di Lipowitz e a puntare al terzo posto del tedesco. Ci si può aspettare un ultimo fuoco d'artificio, almeno per la fuga e la vittoria di tappa, a maggior ragione su una tappa corta. Perché per quanto riguarda il braccio di ferro tra Pogačar e Vingegaard, non si può più dare nulla per scontato.

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