LE VIRAGE DE L’EFFROI


Évacué sur une civière après une violente chute, le double vainqueur du Tour de France ne souffrirait que d’une clavicule et de plusieurs côtes cassées.
Remco Evenepoel et Primoz Roglic ont également abandonné.

5 Apr 2024 - L'Équipe

"L’asphalte est un peu abîmé par des racines d’arbres. 
On est arrivés un peu vite dans cette courbe"
PELLO BILBAO (BAHRAIN-VICTORIOUS)

Une grave chute sur le Tour du Pays Basque, hier, a laissé étendu sur le bas-côté plusieurs coureurs dont Jonas Vingegaard. Évacué sur civière, le Danois souffre de fractures d’une clavicule et de côtes. Sa participation au Tour de France, dont il est le double tenant du titre, n’est pas en danger, mais la peur a glacé tout le peloton.

LEGUTIO (ESP) – Le plateau était royal. Trois des quatre favoris au prochain Tour qui allaient se disputer la gagne au Pays basque cette semaine, quel plaisir! Ce matin, il n’en reste rien. Jonas Vingegaard, Remco Evenepoel et Primoz Roglic ont tous chuté hier, à 36 km de l’arrivée de la 4e étape, partis tout droit dans un virage à droite, et ont dû abandonner, victimes de graves blessures (pour les deux premiers).

L’ incident a choqué tout le monde pendant une bonne heure, le temps que la course reparte, pour les échappés seulement. Pour le peloton, les vingt derniers kilomètres étaient neutralisés, passés à discuter pour tenter de comprendre ce qui venait de se passer.

Le vent avait manqué lors des bordures tentées à 70 kilomètres de l’arrivée, l’ascension vers Oleta n’avait donné lieu qu’à une petite accélération, et la descente n’apparaissait que comme une transition avant les deux raidards finaux, à tel point que la télévision basque avait lancé ses pubs, entre promotion des paysages locaux et des randos VTT à gogo. Alors le retour au direct fut brutal. Un fossé. Des coureurs étendus au sol. Des vélos partout. Et des assistants fourmillant entre tout cela.

Une chute terrible venait de survenir. En tête du groupe, Mikel Landa emmenait son leader chez Soudal-QuickStep, Remco Evenepoel, qui tirait tout droit à la sortie d’un virage, le Belge terminant par terre dans le bois après avoir réussi à sauter le fossé. Pour ceux qui étaient plus reculés sur le côté gauche de la route, la sortie de piste était inévitable. «La route était vraiment bosselée, on se battait pour les meilleures positions et on est arrivés un peu vite, détaillait Mattias Skjelmose, qui a évité de peu la chute. Il n’y avait rien à faire, c’est vraiment pas de chance et ce n’ est la faute de personne », assurait le champion du Danemark.

«Je connais la descente, l’asphalte est un peu abîmé par des racines d’ arbres », appuyait le Basque Pello Bilbao (Bahrain-Victorious, pour qui «on est arrivés un peu vite dans cette courbe» . Un revêtement bosselé, confirmé par d’autres coureurs qui n’auraient pas pu freiner comme d’habitude quand le virage se fermait? «Ce n’était rien qu’on ne retrouve nulle part ailleurs» , balayait Juan Ayuso.

Bien qu’ au fait de la dangerosité de la descente, Vingegaard (27 ans) était lui aussi piégé, étendu sur le dos, maillot déchiré et le dos en sang .« On a entendu un de nos coureurs parler d’ un crash, soufflait Addy En gels, l’un des directeurs sportifs du Danois chez Visma-Lease a bike, cherchant ses mots à l’arrivée. Le réseau était mauvais mais on a vite compris que c’était Jonas.»

Deux équipiers sont alors à son chevet, dont Milan Vader qui, «en arrivant dans le virage, a vu tout le monde allongé, y compris Jonas, a expliqué le Néerlandais au Nieuwsblad. Ce que j’ai aperçu n’était pas bon et je n’ai pensé qu’à une chose: faire demi-tour pour voir comment il allait.» Frans Maassen, l’autre directeur sportif, est là, à genoux devant le double vainqueur du Tour, avec le médecin de l’équipe et les ambulanciers. Il lui parle, le coureur répond, ne perd jamais conscience mais ne bouge pas. «On était là tellement longtemps, à faire ce qu’on pouvait, c’est-à-dire bien peu», déplorait Engels, encore sous le choc.

Un empilement de chutes, 
dont Primoz Roglic et Jay Vine

Au sol, Vingegaard a en plus été heurté par Sean Quinn, alors que Quinten Hermans l’a évité de peu en jouant à saute-mouton. Le maillot vert a regardé «le moins possible» autour de lui, constatant vite la désolation. Il «fait partie des chanceux» ,dit-il.CommePrimozRoglic.

Déjà tombé mercredi dans une descente, le leader s’échouait cette fois dans le fossé en ciment, sa chute amortie par Steff Cras, dont le bilan est autrement plus lourd (voir par ailleurs). Vite évacué du bas-côté, le Slovène marchait jusqu’à la voiture de son directeur sportif et levait le pouce pour rassurer tout le monde. Au même moment, Evenepoel n’en faisait pas autant, mais le champion de Belgique, au moins, marchait, aidé par un membre du staff, l’épaule droite en carafe.

Au bout d’un interminable quart d’heure, Vingegaard est évacué sur civière, minerve autour du cou, comme Cras et Jay Vine, sous l’oeil d’un peloton de cyclotouristes stupéfaits,descendusducolpourregarderlafinde l’étape à la télé et qui n’en verront rien. Car toutes les ambulances sont mobilisées, et la coursenepeutreprendre.

Un dénouement anecdotique

Le peloton, stoppé quelques hectomètres plus loin par les commissaires, est définitivement arrêté et finira l’étape en roulottant. Mais six hommes sont toujours à l’avant, échappés depuis le matin. Après une heure d’arrêt, eux ont eu le droit de finir les 20 kilomètres afin de se jouer la victoire d’étape. «C’est grave et triste, tout aurait dû être annulé» , rouspétait Joxean Matxin, le directeur sportif d’UAE.

C’est aussi ce que doit penser Mathieu Burgaudeau. Le Français de TotalEnergies, présent dans cette échappée, a lâché dès la première attaque de Reuben Thompson, le Néo-Zélandais avouant pourtant avoir «des jambes de merde» après cet arrêt inopiné. Pour Burgaudeau, qui avait lui aussi fait tout droit dans le virage maudit un peu plus tôt, sans conséquence, c’est plutôt la tête qui a lâché .« À partir du moment où on décide de redonner un départ, c’est important de jouer le jeu par rapport à l’organisation, mais le coeur n’y était pas, soufflait son directeur sportif, Lylian Lebreton. Il n’a pas su se remettre dedans comme il fallait mais ce n’estpas le plus important aujourd’hui.»

Même la victoire de Louis Meintjes fut anecdotique, «un mauvais jour pour avoir un bon jour» , résuma le Sud-Africain. Comme l’est le maillot jaune de Skjelmose, nouveau leader qui a refusé d’enfiler la tunique sur le podium, par respect. En bas, le parking des cars était trop calme, après une journée où personne n’a gagné et beaucoup ont perdu. Les Visma rejoignaient leur emplacement et la tête n’était pas du tout au Tour – « pff, je comprends que vous posiez la question, mais on n’y pense pas» , hochait Engels.

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Pas de Liège pour Evenepoel

5 Apr 2024 - L'Équipe
P. Me., à Legutio

Outre Jonas Vingegaard, Remco Evenepoel a lui aussi été lourdement blessé hier. Le Belge de 24 ans a été en mesure de se relever mais les examens passés dans la soirée ont révélé des fractures de la clavicule et de l’omoplate droites, ce qui l’empêchera de courir dans deux semaines Liège-Bastogne-Liège, dont il avait remporté les deux dernières éditions.

« Évidemment, mes plans à court terme sont chamboulés mais j’espère que ceux à moyen et long terme resteront inchangés » , a-t-il déclaré dans une vidéo publiée par son équipe, Soudal-Quick Step où il apparaît souriant. Il sera opéré aujourd’hui, à Herentals (Belgique). Son retour reste possible pour le Dauphiné (du 2 au 9 juin), seule autre course qu’il avait prévue à son programme (en plus des stages en altitude) avant sa première participation au Tour (du 29 juin au 21 juillet).

Son compatriote Steff Cras (TotalEnergies) présente lui aussi de lourdes blessures avec un pneumothorax, des fractures costales et vertébrales dorsales. Le grimpeur a heurté violemment le fossé en ciment, comme l’Australien Jay Vine (UAE), évacué sur civière et qui souffre de fractures d’une cervicale et de deux vertèbres.

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