Merckx : «Il est au-dessus de moi»


L’immense champion belge avait été le premier à réaliser le triplé Giro-Tour-Mondial la même année en 1974, avant Stephen Roche en 1987. Il reconnaît aujourd’hui la supériorité de Pogacar.

30 Sep 2024 - L'Équipe
PHILIPPE LE GARS
Merckx : «Il est au-dessus de moi»

ZURICH (SUI) – Eddy Merckx était encore sous le choc hier soir quand on l’a joint au téléphone. Il venait de passer la journée devant la télévision et avait assisté à «un événement incroyable dans l’histoire du cyclisme» . Et pour la première fois sans doute, il reconnaissait ce qu’on n’aurait jamais cru possible d’entendre un jour dans sa bouche : « C’est évident qu’il (Pogacar) est maintenant au-dessus de moi. Je le pensais déjà un peu au fond de moi-même quand j’avais vu ce qu’il avait fait sur le dernier Tour de France, mais ce soir il n’y a plus de doute.»

On connaissait déjà toute l’admiration qu’il ressentait pour le Slovène depuis sa première victoire sur le Tour en 2020, unattachement particulier à sa façon de courir, à ce panache qui lui rappelle peut-être aussi le champion qu’il a été. Il avait été le premier, en 1974, à remporter la même année le Giro, le Tour de France et le Championnat du monde (à Montréal), suivi par Stephen Roche en 1987. «Évidemment, on ne peut jamais comparer les époques, mais là on a affaire à un coureur incroyable, a-t-il ajouté, toujours sous le coup de l’émotion. Moi, je n’attaquais pas à 100 kilomètres de l’arrivée sur un Championnat du monde, ce qu’ il a réalisé aujourd’hui est inimaginable. On s’en souviendra encore pendant très longtemps. Il a pris beaucoup de risques face à Van der Poel et Evenepoel mais ça ne lui a pas fait peur. C’est là qu’on comprend que Pogacar est un immense champion, il est hors norme. » En 1974, ce premier triplé de l’histoire réalisé par Eddy Merckx n’avait pas été spécialement remarqué à sa juste valeur, comme s’il faisait naturellement partie du parcours du champion belge.

« Je ne me souviens pas en effet qu’on m’ait parlé de ça à l’époque, reconnaissait Merckx hier soir, peut-être parce que c’était la première fois que ça arrivait et qu’on n’avait pas de repères ni de comparaisons. On ne s’attachait pas vraiment à ces références historiques mais avec Pogacar on est bien obligés de le faire aujourd’hui.»

Il n’avait fallu que treize ans pour que Stephen Roche rejoigne Merckx au palmarès (en 1987), « mais Pogacar l’a fait trente-septans après moi, ce qui veut bien dire la portée de son exploit mais aussi du mien cette année-là, rigolait l’Irlandais hier soir. Quepersonne n’ait réalisé ça pendant autant d’années valorise la performance mais c’est surtout la manière dont Pogacar est allé chercher sa victoire aujourd’hui (hier) qui est impressionnante. Moij’avais attendu les 400 derniers mètres pour gagner, lui il était à l’attaque à 100 kilomètres de l’arrivée. On ne parle pas de la même chose.»

Au soir de son sacre à Villach en Autriche, Roche avait gentiment chambré Merckx. «Il avait raté le triplé la première fois en 1971 alors que moi je l’ai réussi du premier coup» , avait-il dit, et il se souvient encore de cette fierté, «même si je n’avais pas ressenti que je rentrais dans l’histoire à l’époque » . « Sans doute aussi parce que peu de journalistes en avaient parlé à ce moment-là alors que c’était seulement le deuxième triplé de l’histoire et surtout après Eddy, ajoute l’Irlandais. Pour moi, il avait fallu que toutes les étoiles soient alignées en 1987, alors que pour Pogacar on savait que c’était une évidence qu’il réussisse ça un jour.»

Le cyclisme sort grandi d’un tel exploit Roche avait du mal hier soir à trouver les mots pour exprimer ses sentiments après « cette grande journée pour le cyclisme. Ce qu’on a vu aujourd’hui est tout simplement exceptionnel. Une victoire pareille apporte tellement de fraîcheur, tellement de bonheur.

Notre sport en sort grandi» . Mais, quand il a appris les mots de Merckx au sujet de Pogacar, on a senti l’Irlandais hésiter quelques secondes, comme si la stature du champion belge dans l’histoire du cyclisme était encore intouchable. «Eddy a vraiment dit que Pogacar était au-dessus de lui ? Ça alors ! On ne peut pas trouver plus beau compliment. On a tous un immense respect pour Merckx mais aujourd’hui la victoire de Pogacar m’honore aussi parce que ces trente-sept années entre mon triplé et le sien prouvent que ce n’est pas si facile à réaliser. Je me retrouve maintenant en bonne compagnie, entouré par deux phénomènes, Merckx et Pogacar, et ça me fait entrer du coup encore plus dans l’histoire, moi aussi.»

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