À l’ombre de la Ville lumière


À 18 ans, et alors que le PSG défiera Manchester City demain, le milieu a l’âge de grandir, encore, et de dissiper quelques malentendus. S’il est un symbole du nouveau Paris, il n’a ni le tempérament ni le statut pour en devenir le porte-drapeau.

"Je n’ai jamais vu un joueur aussi intelligent 
pour compenser ce que font ses coéquipiers"
   - LUIS ENRIQUE, ENTRAÎNEUR DE WARREN ZAÏRE-EMERY AU PSG

21 Jan 2025 - L'Équipe
VINCENT DULUC

Dans la vraie vie, c’est un môme de 18 ans qui a eu son permis de conduire un peu plus tôt, en profitant de la nouvelle loi, et qui a eu son bac un peu plus tard, en septembre, parce qu’il avait eu un mot de Didier Deschamps pour aller disputer l’Euro en Allemagne à la place. Dans le foot, Warren Zaïre-Emery est international depuis novembre 2023 (6 sélections, 1 but), il vient de jouer son centième match pour le PSG et le club parisien l’a érigé en symbole multiple: de l’après-Mbappé, d’un club qui serait bâti autrement que par ou pour des stars, de son vivier désormais installé au Campus, à Poissy, ou encore de l’idée d’une fidélité qui contrevient à l’époque et à de récentes manières.Warren Zaïre-Emery le 26 novembre lors de la défaite du PSG sur la pelouse du Bayern Munich (0-1).

Mais quinze mois après un automne 2023 irrésistible, qui l’avait vu déboulonner la hiérarchie au PSG, débarquer chez les Bleus à 17 ans et bousculer ces deux mondes, l’ancien gamin d’Aubervilliers ne peut pas porter sur ses jeunes épaules toutes les causes qui ont été envisagées pour lui. Il a déjà assez à faire avec les promesses qu’il a suscitées et sous le poids desquelles il avait semblé s’affaisser un peu, au printemps, redevenu un joueur précoce et utile, mais moins électrique, comme s’il lui avait fallu s’adapter parallèlement à l’altitude et aux regards nouveaux.


Au PSG, on souligne qu’il n’a pas changé, jamais: un gars qui aime le club, à l’écoute, sobre jusque dans son choix de voiture, que ni sa très large revalorisation salariale, au moment de sa prolongation jusqu’en 2029, en avril, ni la médiatisation n’ont arraché à son goût pour l’ombre, qui s’accorde à son jeu et à son tempérament. À l’interview, il reste un joueur de peu de phrases, comme s’il voulait bien jouer pour les autres, mais pas parler pour eux.

Sauf rechute ou pépin d‘ici-là, le PSG devrait se présenter au complet pour le choc face à Manchester City au Parc des Princes demain. Hier, pour la reprise de l’entraînement après une journée de repos dimanche au lendemain du succès à Lens (2-1), Marquinhos (adducteur), Achraf Hakimi (ménagé à Lens) et Ousmane Dembélé (malade) ont participé. Une bonne nouvelle qui confirme l’optimisme en interne ces derniers jours sur la présence de ces trois cadres. Les Parisiens s’entraînent de nouveau ce matin au Campus de Poissy, ce sera l’occasion de confirmer que tout le groupe est apte. Il n’y aura par ailleurs pas de mise au vert, les joueurs se retrouvant comme d’habitude le matin du match au Campus PSG A. H.

L’équipe probable : Donnarumma – Hakimi, Marquinhos (cap), Pacho, Nuno Mendes – Zaïre-Emery, Vitinha, J. Neves (ou F. Ruiz) – D. Doué (ou Lee), O. Dembélé, Barcola.

Si quelques-uns l’oublient, lui semble se souvenir qu’il a 18 ans, et se rapproche des joueurs de sa génération, au PSG, Hugo Ekitike et Ethan Mbappé, la saison dernière, Désiré Doué, Senny Mayulu, Yoram Zague, mais aussi Bradley Barcola cette saison. À un moment, il sera sans doute attiré par d’autres choses, ce sera un passage ou une inclination plus durable, il n’y a pas de vie ni de carrière d’un seul bloc. Mais il a déjà visité quelques paliers différents depuis dix-huit mois, et il continue.

Au lendemain de son centième match avec Paris, et à la veille du grand soir face à Manchester City, son horizon semble assez clair. Il doit, à cet âge, poursuivre une progression ordinaire et dissiper, d’un même élan, quelques malentendus peu évitables: non, il ne peut pas être le nouveau porte-drapeau du PSG de l’après Kylian Mbappé, il lui manque un peu d’aisance médiatique,d’éclairsdanssonjeuetdeprédestination pour la lumière; non, il ne peut pas être encore un joueur indispensable à l’équipe de France, il doit continuer d’apprendre après un Euro où il n’a pas joué une minute; non, il n’est pas un produit fini, et l’environnement parisien au sens large doit accepter que quinze mois après son explosion au plus haut niveau il soit entré dans une autre logique, toujours remarquable mais moins spectaculaire, plus linéaire.

Mais ce n’est pas parce qu’on le voit moins qu’à l’automne 2023 qu’il n’a pas grandi. Luis Enrique, qui l’a fait débuter cinq fois sur six en Ligue des champions (Zaïre-Emery est seulement entré en cours de jeu à Salzbourg, 3-0), a encore élargi sa polyvalence en lui assignant, parfois, de se replacer dans la défense à trois quand le PSG a le ballon. Avec un entraîneur qui le balade, mais lui veut du bien, ou parce qu’il lui veutdubien( « Je n’ai jamais vu un joueur aussi intelligent pour compenser ce que font ses coéquipiers » , dit l’Asturien), il a joué arrière droit, arrière gauche, milieu offensif derrière l’attaquant, partout, au-delà de sa partition habituelle de relayeur. Il se fixera plus tard, quand il sera un vieux joueur de 20 ans.

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