Bien au-delà du foot


Nasser al-Khelaïfi, président du PSG, et le cheikh Mansour bin Zayed al-Nahyan, vice-président de Manchester City, représentent deux États propriétaires liés par un fort contentieux géopolitique.

Une forte rivalité oppose les deux clubs appartenant à des pays du golfe Persique. Même si, après une vive tension entre 2017 et 2021 lors du blocus du Qatar par ses voisins, les relations se sont peu à peu normalisées.

21 Jan 2025 - L'Équipe
ARNAUD HERMANT

Le PSG-Manchester City de demain est bien plus que le choc de la 7e journée de la nouvelle version de la Ligue des champions. Si un réel enjeu sportif entoure le match, puisque les deux équipes ne sont pas encore certaines de se qualifier pour la phase à élimination directe de la Ligue des champions (les Anglais sont 22es avec 8 points et les Parisiens 25es, et donc premiers éliminés, avec 7 unités), cette rencontre porte en elle des enjeux qui dépassent le simple cadre du terrain. 

Ce duel opposant deux clubs qui appartiennent à deux pays du golfe Persique et rebaptisé parfois «Golfico» est la quintessence d’une rivalité régionale entre le Qatar et Abu Dhabi, respectivement propriétaire du PSG et de Manchester City. «Les Émirats arabes unis ( 1), dont Abou Dhabi est la capitale, ont été en pole avec l’Arabie saoudite lors du blocus (2) du Qatar (de juin 2017 à janvier 2021). À l’origine, en 1971, le Qatar a refusé d’être le huitième émirat des EAU, ce qui a fâché les Émiratis, et au fil du temps, il s’est émancipé de la tutelle de l’Arabie saoudite, rappelle Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). Deux approches opposent aussi les Émirats et le Qatar. Ce dernier est favorable à un islamisme politique, alors que les EAU sont contre, car il représente, selon eux, une menace pour la structure de leurs monarchies. Et il y a une jalousie de proximité entre des gens qui sont bien souvent cousins.»

Laurent Blanc avait payé cher l’élimination dans le «Golfico» en 2016

Cette jalousie s’est transposée au football. Avec l’organisation de la Coupe du monde au Qatar en 2022 et l’acquisition à trois ans d’intervalle, entre 2008 et 2011, de Manchester City par le cheikh Mansour bin Zayed al-Nahyan, vice-président et vice-Premier ministre des Émirats arabes unis, et du Paris-Saint-Germain par Tamim ben Hamad al-Thani, devenu depuis l’émir de son pays. Une rivalité sur le thème de qui remportera en premier la Ligue des champions ? À ce petit jeu, ce sont les Sky Blues qui y sont parvenus les premiers, en 2023, en battant l’Inter Milan (1-0).Dans les confrontations directes avec le PSG depuis les rachats des deux clubs, City mène aussi, avec quatre succès pour un nul et une défaite.

« Pour le PSG, c’est plus facile de perdre contre le Real Madrid que contre Manchester City, rigole un connaisseur du Golfe persique. Et pour Nasser, c’est plus facile de revenir au Qatar après une défaite contre Barcelone, Chelsea, le Bayern Munich…» L’élimination (2-2, 1-0) en quarts de finale de la Ligue des champions en 2016, pour le premier Golfico de l’histoire, avait été vécue comme une humiliation. Et avait fait une victime collatérale: Laurent Blanc. Alors qu’il avait prolongé son contrat quelques mois auparavant, fort de deux quadruplés d’affilée, le coach parisien avait finalement été remercié fin juin, pendant ses vacances américaines.

En désaccord aussi sur la Super Ligue

Selon certaines sources, la nonprolongation, après quatorze ans de collaboration, du sponsoring d’Emirates, la compagnie aérienne de Dubaï, sur le maillot du PSG serait une conséquence du blocus. Le club parisien avait choisi Accor, sous le nom All, pour le remplacer lors de la saison 2019-2020. «C’est surtout le prix qui a fait tiquer Emirates, relate un participant aux négociations.

Le PSG demandait 90M€…»

Par le passé, le club parisien n’a pas toujours été d’accord avec l’approche de City, notamment sur le dossier de la création de la Super Ligue en avril 2021. Une compétition à laquelle le club français s’est opposé, contrairement à son rival, qui faisait partie des douze fondateurs. Sur le fairplay financier, quand les deux, qui affichent des budgets similaires, de l’ordre de 800M€, se sont retrouvés dans le viseur de l’UEFA, Paris a choisi de collaborer, alors que City a combattu l’instance. En Angleterre, le club mancunien est d’ailleurs confronté à 115 accusations pour tricherie (voir encadré).

Aujourd’hui, les relations se sont peu à peu normalisées. Ferran Soriano, directeur exécutif de City, a été nommé au conseil d’administration de l’Association européenne des clubs (ECA), présidée par Nasser al-Khelaïfi. Un signe de rapprochement entre les deux rivaux, au moins dans les instances. Demain, la rivalité sportive reprendra ses droits.

(1) Les Émirats arabes unis sont composés de 7 émirats: Abou Dhabi, Dubaï, Chardja, Oumm AlQaïwaïn, Ajman, Ras Al-Khaïma, Foujeyra.

(2) Fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes avec le Qatar, boycott des entreprises qatariennes…

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