Tendances d’hiver

21 Jan 2025 - L'Équipe
LA RUBRIQUE CYCLISME

Alors que la saison reprend en Australie au Tour Down Under, « L’Équipe » se projette sur l’année 2025, marquée par l’appétit de Tadej Pogacar, le changement d’équipe de Julian Alaphilippe p et la lutte entre équipes pour le maintien au plus haut niveau.

From page 32 Dans le rituel indécrottable de la sortie d’hibernation, les premiers stages, les nouveaux maillots, les déclarations incantatoires sur la merveilleuse saison qui s’ouvre, les ambitions intactes, notre regard s’est arrêté sur les tuniques neuves de Julian Alaphilippe et de Tadej Pogacar. Celle du Français, désormais sous pavillon Tudor, arbore les liserés de ses deux titres de champion du monde (2020 et 2021) aux manches, mais pas au col, comme il est pourtant de coutume, réservé cette fois au sponsor suisse. Sur celle du Slovène, champion du monde en titre, on nota que l’ajout d’un partenaire sur le buste avait encore comprimé l’arc-en-ciel, le ternissait.

C’est sans doute un détail – après tout, qu’en avons-nous à faire de ce symbole désuet? –, mais la bataille pour le moindre centimètre sur les maillots, qui pour certains ressemblent de plus en plus aux prospectus pour les soldes du supermarché du coin, illustre une guerre plus générale. Une évolution économique, nécessaire mais brutale, qui a été au coeur de beaucoup de discussions pendant l’intersaison, parce qu’elle charrie des inquiétudes sur les déséquilibres financiers entre les équipes, sur la santé des coureurs, sur les dérives potentielles en termes de médicalisation et de dopage.

Despréoccupations qui ne s’évaporeront pas à l’heure où le «sportif» reprend ses droits, avec l’ouverture de la saison, la nuit dernière en Australie, dont Tadej Pogacar et Julian Alaphilippe seront d’ailleurs deux des acteurs très attendus. Le premier car il est un champion global, que tout le monde s’est déjà ré signé à ce qu’ il soit à nouveau dominateur, mais reste à savoir si ce sera dans les proportions de sa saison 2024, historique. En résumé, peut-il faire mieux? Le second sera scruté par le public français, mais pas seulement, par tous ceux qu’il a enthousiasmés du temps où il était irrésistible, avides de savoir si leur « Loulou » a encore les moyens de les faire rêver, dans un cyclisme frénétique, de plus en plus jeune et où, sous la férule d’une poignée de fadas, l’exploit est devenu la norme.

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Pogacar toujours glouton

Dans le peloton, on ne se fait guère d’illusion sur l’issue des courses auxquelles Tadej Pogacar va participer. Et certains coureurs préfèrent même en plaisanter: «On regarde son calendrier et on se rend sur les autres courses.» Car l’an dernier, le glouton slovène (26ans) a gobé à peu près tout ce qui se présentait sur sa route: 25 victoires en 58 jours de courses, soit plus d’un quart des succès de son équipe (81). Dont deux grands Tours, celui d’Italie et celui de France, ce qui n’avait plus été réalisé depuis Marco Pantani en 1998. Et si on ajoute son titre de champion du monde à Zurich, son triplé lui permet de rentrer dans l’histoire auprès d’Eddy Merckx (1974) et Stephen Roche (1987).

Outre Jonas Vingegaard, 2e du Tour l’été dernier mais diminué après sa chute lors du Tour du Pays Basque, qu’est-ce qui pourrait empêcher le Slovène de tout rafler? Le Danois va tout tenter pour renouer avec le palmarès de la Grande Boucle, mais, pour le reste, des Strade Bianche, son premier grand rendez-vous de la saison, jusqu’au Rwanda, où les Mondiaux sont tracés pour son profil, Pogacar semble assez seul et bien parti pour une razzia, encore.

Et pourquoi pas la Vuelta ?

La question de sa fraîcheur mentale pourrait se poser, mais sur ce qu’il a diffusé cet hiver sur ses réseaux sociaux, par son approche du cyclisme comme un jeu, on n’a pas vu un coureur rincé. Au contraire, il a encore des défis à relever : égaler Fausto Coppi sur le Lombardie ( voir ci-contre), remporter enfin Milan

San Remo qui lui résiste (3e en 2024, 4e en 2023, 5e en 2022) et peut-être accrocher la Vuelta, qu’il n’a disputée qu’une fois (3e en 2019) et qui pourrait s’inscrire dans son programme.

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Des jeunes très attendus

À une époque où les néo-pros jouent rapidement les premiers rôles, ils sont nombreux à s’être révélés l’an passé, du Mexicain Isaac del Toro (UAE Emirates-XRG), vainqueur d’étape au Tour Down Under dès son deuxième jour de course chez les grands, au Français Paul Magnier (Soudal-Quick Step, 5 bouquets). La promotion 2025 promet encore beaucoup, avec plusieurs Français parmi les coureurs à surveiller: Brieuc Rolland (Groupama-FDJ, 21ans), en progression constante depuis deux ans et qui peut jouer aussi bien en montagne (vainqueur de la Course de la Paix) que sur les courses d’un jour (lauréat du Lombardie Espoirs), et le prodige Paul Seixas (DecathlonAG2R La Mondiale), 18ans à peine, qui saute la case Espoirs pour directement jouer chez les grands, ce qu’il fera dès février au GP La Marseillaise, puis à l’UAE Tour, au côté de Pogacar. Le Danois Albert Philipsen et le Français Paul Seixas (ci-dessous), 18 ans tous les deux et rivaux chez les juniors, figurent parmi les grands espoirs du cyclisme.

Mais certains ont choisi le Tour Down Under pour débuter, comme le meilleur rival de Seixas chez les juniors, le Danois Albert Philipsen (18ans). « Ce sport devient de plus en plus jeune, et je ne vais pas atteindre d’un coup le niveau World Tour en étant aussi fort que les gars expérimentés, prévenait hier la pépite de Lidl-Trek. J’ai du temps devant

moi, je peux grandir petit à petit.» L’Espagnol Pablo Torres (UAE, 19ans), qui a raboté de quatre minutes le record d’ascension des Finestre établi par Christopher Froome, le Colombien Diego Pescador (20ans, Movistar), le duo néerlandais de Visma-Lease a bike Graat-Huising, l’Allemand Tim Torn Teutenberg (Lidl, 20ans, vainqueur du dernier Paris-Roubaix Espoirs) ou le puncheur français Noa Isidore (Decathlon, 20ans) pourraient aussi profiter du soleil australien pour éclater en pleine lumière.

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Alaphilippe en renaissance

À bientôt 33 ans, en juin, Julian Alaphilippe amorce le dernier tournant de sa carrière. Celui-ci doit révéler ce que le double champion du monde a encore dans son réservoir, après trois saisons compliquées à lire, entre les chutes, dont celle de Liège-Bastogne-Liège en 2022, et les tensions avec Patrick Lefévère, son manager chez Soudal-Quick Step, qui l’ont plombé. L’an passé, il a bien gagné une étape du Giro, d’une manière qui a rappelé que le panache ne meurt jamais, mais avec son standing, il aspire à bien plus grand. Le peut-il encore? Car depuis son sacre mondial de Louvain, en 2021, le puncheur a vieilli, déjà, et tout s’est accéléré autour de lui, avec l’avènement de Tadej Pogacar et Mathieu Van der Poel, qui semblent intouchables dans les classiques. Alaphilippe démarre en tout cas cette saison 2025 dans de meilleures conditions, dans un environnement apaisé, sous ses nouvelles couleurs de Tudor. «Ce coup de fraîcheur, ce renouveau en tout, me fait du bien» , reconnaissait-il dans ces colonnes au début du mois. Reste à savoir où il pourra s’exprimer, car la formation de Fabian Cancellara, en Deuxième Division, est tributaire des invitations. Après une reprise au Portugal, à la Figueira Champions Classic (16 février) et au Tour d’Algarve (19-23février), Alaphilippe sera aligné à Paris-Nice (9-16mars), mais il n’est encore sûr de rien quant àson programme desclassiques de printemps et à sa participation au Tour de France, avec lequel il a un fil à renouer.

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LE CALENDRIER DES TÊTES D’AFFICHE

TADEJ POGACAR JONAS VINGEGAARD
Tour d’Algarve (19-23 février), Paris-Nice (9-16 mars), Tour de Catalogne (24-30 mars), Critérium du Dauphiné, Tour de France, Vuelta (23 août15 septembre).

REMCO EVENEPOEL
(Actuellement convalescent après une chute à l'entraînement en décembre)

La Flèche Brabançonne (18 avril), Amstel Gold Race, Flèche Wallonne, Liège-Bastogne-Liège, Critérium du Dauphiné, Tour de France.

WOUT VAN AERT
Clasica Jaen (17 février), Tour d’Algarve, Omloop Nieuwsblad (1er mars), Kuurne-Bruxelles-Kuurne (2 mars), E3, À Travers la Flandre (2 avril), Tour des Flandres, Paris-Roubaix (13 avril), Giro (9 mai-1er juin), Tour de France.

Le programme de Mathieu Van der Poel et Jasper Philipsen n’est pas encore connu.

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LES GRAND RECORDS à battre en 2025:

4 - S’il remporte un 4e Tour de France, Tadej Pogacar deviendrait le plus jeune coureur à compter quatre fois la Grande Boucle à son palmarès (26 ans, 10 mois et 6 jours), devançant Eddy Merckx (27 ans, 1 mois et 6 jours).

4 - S’il s’impose sur le Tour des Flandres, Mathieu Van der Poel deviendrait le seul coureur à avoir remporté le Ronde à quatre reprises.

100 - Arnaud Démare est à 3 victoires d’atteindre la barre des 100 victoires professionnelles. Il entrerait dans le club très select des Français ayant franchi ce cap, derrière Bernard Hinault (145 victoires), Laurent Jalabert (128 victoires) et Jacques Anquetil (121 victoires).

6 - S’il termine à nouveau dans le top 10 de Liège-Bastogne-Liège, Romain Bardet deviendrait le coureur français avec le plus grand nombre de top 10 sur la Doyenne (6 au total), devant Raymond Poulidor et Laurent Jalabert (5 top 10 chacun).

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