UN DEFI TRÈS RED


Portés par la meilleure série d’invincibilité d’Europe et leur savoir-faire pour renverser des montagnes, les Lillois peuvent croire à l’exploit, ce soir, à Anfield, chez le leader de la C1.

"Nous, ça ne change rien, 
on s’est préparés de la même façon"
   - AÏSSA MANDI, DÉFENSEUR DE LILLE

21 Jan 2025 - L'Équipe
NATHAN GOURDOL

Invaincu depuis 21 matches (toutes compétitions confondues), le LOSC rêve d’un nouvel exploit face à Liverpool, en tête de la Premier League et de la Ligue des champions. LIVERPOOL (ANG) – Dans le brouillard et la bruine des bords de la Mersey flotte un espoir. Autour d’Anfield, où personne ne marche jamais seul, comme en témoignent les nombreuses fresques hommages aux héros d’hier et d’aujourd’hui (Fowler, Barnes, Alexander-Arnold…), une équipe d’irréductibles Lillois s’avance crampons aux pieds, escortée par 3000 fans, face à un mythe.Mohamed Salah, Virgil Van Dijk, Jonathan David et Lucas Chevalier.

Dans ce chaudron, pas de potion magique, mais les oracles numérologues semblent avec eux en ce 21 janvier. Vingt et un, c’était le nombre de passes jusqu’à l’égalisation de Hakon Haraldsson (âgé de 21 ans) vendredi, lors du succès renversant contre Nice pour grimper sur le podium de Ligue 1 (2-1). Vingt et un, c’est la série d’invincibilité historique qu’ils sont en train de tracer (11 victoires, 10 nuls) avec, au coeur de celle-ci, des triomphes pour l’éternité contre le Real champion d’Europe (1-0, le 2 octobre) puis chez l’Atlético de Madrid (3-1, le 23 octobre). Vingt et un, c’est aussi le numéro du capitaine Benjamin André, garant de l’état d’esprit de ce LOSC 2024-2025.

Si le Lensois Daniel Leclercq restera le Druide à tout jamais, le Lillois Bruno Genesio a lui aussi ses super-pouvoirs. Il a remastérisé à sa façon l’allégorie de la caverne de Platon en invitant, avec des démonstrations implacables, ses rivaux européens à rejeter toutes formes d’idées reçues au sujet de son collectif. Non loin du mythique Cavern Club où les Beatles ont vu le jour, le technicien a l’occasion de porter ce raisonnement encore plus loin. « Je suis impressionné par leurs chiffres. Impressionné, mais pas surpris, confiait hier l’entraîneur des Reds, Arne Slot, déjà marqué par la façon dont jouait Rennes sous Genesio. J’ai vu plusieurs de leurs matches, et ils méritent le moindre de leurs points. Beaucoup de managers changent leur plan contre nous ces derniers mois. Mais là, je m’attends à un match ouvert.»

Un nul à Anfield face aux Reds entrerait illico dans le top 3 des exploits européens du LOSC, et une victoire, inimaginable il y a encore quelques mois, serait même tout en haut de la liste. Seule équipe irrésistible dans ce nouveau format de la Ligue des champions avec six victoires en autant de journées, lancée à toute vitesse vers un sacre en Premier League (six points d’avance sur Arsenal et un match en retard), Liverpool est perçu comme «le meilleur club du monde à l’heure actuelle» par le vestiaire lillois. Si tout un royaume souhaitait bien du courage à Slot pour assurer la succession de Jürgen Klopp, l’avenant coach néerlandais a su magnifier le phénix, avec un Mohamed Salah peut-être plus fort que jamais (voir page6). C’est cet oiseau de feu increvable que le LOSC veut regarder dans les yeux.

Dans ce genre de choc déséquilibré sur le papier, la question revient toujours : quel joueur de Lille pourrait prétendre à une place de titulaire de l’autre côté? Lucas Chevalier, un jour, si le déclin d’Alisson Becker venait à s’amorcer? Jonathan David, s’il passe le cap de la constance ? C’est à peu près tout. Vertèbre incontournable de la colonne lilloise, Bafodé Diakité, prêt à disputer son 44e match d’affilée, devra mettre des crampons sacrément rehaussés pour espérer s’élever un jour à la hauteur de Virgil Van Dijk ou même s’approcher de son compatriote Ibrahima Konaté. Mais il a marqué plus de buts que les deux réunis depuis son arrivée dans le Nord en 2022 (12, contre 11 pour le duo), incarnant lui aussi la force de ce LOSC caméléon, capable de se camoufler pour gober ses proies. Avec patience, intelligence et le petit brin de chance qui va bien (même si Genesio est agacé à l’évocation de ce point).

Après tant de coups d’éclat, l’effet de surprise n’existera plus dans le froid d’Anfield, mais ces Lillois s’en moquent. «C’est aux adversaires qu’il faut demander, nous, ça ne change rien, on s’est préparés de la même façon» , a répété Aïssa Mandi, dans sa bulle. « J’attends simplement que mon équipe montre le même visage que jusqu’ici » , soufflait de son côté Genesio avant le «plus grand défi de cette saison».

***


Ngal’ayel Mukau face à Marseille, mardi dernier.


Dans l’esprit de Bologne

Lille devra évoluer sans Edon Zhegrova, ce soir. 
Bruno Genesio a pris en exemple la victoire acquise en Italie, fin novembre, pour tenter de créer une nouvelle grande surprise.

HERVÉ PENOT (avec N. G.)

LIVERPOOL – Lille devra vivre, comme souvent depuis de semaines, sans son couloir droit. Si Tiago Santos (rupture des ligaments d’un genou) ne semble sur le flanc jusqu’à la fin de saison, on croyait Edon Zhegrova proche d’un retour dans le groupe. Mais en raison de ses douleurs au pubis, le Kosovar n’était pas apte à effectuer ce déplacement. Il s’est contenté de travailler en salle dans la matinée, hier, au domaine de Luchin quand ses partenaires peaufinaient les derniers réglages.

Si en contrepartie, Ethan Mbappé revoit la lumière après des mois de mise à l’écart en raison d’une rupture d’un quadriceps, le 29 septembre, il n’est pas question de l’utiliser au départ. Ce ne sera pas simple non plus d’entrer dans un match d’une telle intensité.

Bruno Genesio, qui a mis en avant le déplacement à Bologne (2-1, le 27 novembre) comme peut-être le rendez-vous le plus réussi de la campagne continentale dans sa gestion collective, ne devrait pas s’éloigner tellement du plan tactique italien même si certaines têtes changeront. Il pourrait donc réutiliser Ngal’ayel Mukau, double buteur en Italie, dans le rôle de celui qui pressera dès la première relance, un poil plus haut que Benjamin André et Ayyoub Bouaddi, ses amis de la récupération. Ce trio a montré des belles affinités et de la qualité.

À droite, dans la zone désertée par les forfaits, Aïssa Mandi, plus défenseur dans l’âme mais moins rapide, aurait un avantage sur Thomas Meunier au poste de latéral avec Mitchel Bakker juste au-dessus. Ce déplacement du Néerlandais est une trouvaille de Genesio: il devrait aider à bloquer ce long couloir ouvert à la vitesse des Reds. À gauche, Gabriel Gudmundsson, remis totalement de sa béquille à Marseille (1-1, 4-3 aux t.a.b., le 14 janvier), se colletera Mohamed Salah, un Pharaon bien vivant. On a connu face à face moins inquiétant.

Il ne serait donc pas surprenant de choisir un autre nordique, Hakon Haraldsson au coffre de coureur de fond kényan, juste devant. Ils ne seront pas de trop dans ce combat des chefs pour bloquer les inspirations du héros local. «Il faudra ne pas laisser leurs attaquants en un-contre-un» , a ainsi souligné l’entraîneur nordiste. Il a surtout passé le message que le LOSC vient pour tenter de gagner ou au moins de prendre un point capital dans cette quête d’un des huit premiers sièges de cette phase de ligue de Ligue des champions. On ne l’aurait certainement pas imaginé après une défaite au Sporting (0-2, le 17 septembre), en entame, le seul accroc de cette belle histoire européenne.

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