Reconquérant
Avec une maîtrise tactique parfaite mais presque « contre-nature », Julian Alaphilippe s’est offert son premier triomphe depuis plus d’un an. Il en faisait une obsession avant la fin de la saison.
13 Sep 2025 - L'Équipe
LUC HERINCX
QUÉBEC (CAN) – C’est une revanche à plusieurs niveaux, sur ces années gâchées par les blessures, sur l’embarras de Carcassonne (15e étape du Tour de France) où il avait levé les bras en franchissant la ligne en troisième position et, plus anecdotique, sur les Britanniques, les derniers à avoir triomphé dans l’amphithéâtre naturel des Plaines d’Abraham, en 1759. Pour laver l’affront du marquis de Montcalm, le nouveau circuit du Grand Prix de Québec a récompensé Julian Alaphilippe, un général hardi et sûrement l’un des plus fins tacticiens du cyclisme français contemporain.
Le double champion du monde (2020 et 2021) n’avait jamais gagné cette saison sous les couleurs de sa nouvelle équipe (Tudor), ses six dernières participations au Canada l’avaient toujours laissé sur un goût d’inachevé (« Je ne me suis jamais approché du podium, alors que c’est une course que je rêvais de gagner »), mais il a couru hier avec la maîtrise d’un patron intouchable, pendant que Tadej Pogacar (UAE Emirates-XRG) s’échinait lui dans des coups vains.
« Je savais que rester calme serait une des clés, a analysé le Montluçonnais de 33 ans. J’ai demandé vingt fois à la radio si je pouvais collaborer, dix fois ça n’a pas dû marcher, les dix autres fois on m’a dit non. Donc j’ai rongé mon frein, c’était contre-nature pour moi, mais c’est devenu tellement difficile de gagner, à la fin c’est sûrement ce qui m’a permis d’avoir l’énergie nécessaire pour partir… »
Embrigadé à 78 km dans un groupe aux ambitions incertaines, en chasse-patate derrière l’échappée matinale mais à portée de tir du peloton, Alaphilippe a fait de la patinette, se laissant parfois décrocher de quelques mètres dans la côte de la Montagne, au bluff, mais où il allait placer plus tard, à 1,4 km de la ligne, une attaque sèche digne du Alaphilippe arc-en-ciel.
« Il avait à coeur de montrer à tout le monde qu’il était encore là, a reconnu avec les yeux qui brillent sa compagne, Marion Rousse, aux commentaires sur la télé canadienne. Il se mettait une pression incroyable sur cette fin de saison, il m’a dit cet été qu’il n’allait vivre que pour le vélo jusqu'à la fin de l'année, parce que sinon il allait très mal vivre de ne pas gagner de la saison. »
Sivakov deuxième, les Bleus s’affirment à deux semaines des Mondiaux
Déjà en jambes au Tour de Grande-Bretagne la semaine dernière, porté notamment par la perspective des Mondiaux au Rwanda (28 septembre), le puncheur auvergnat avait une envie féroce de victoire. « Il y a certains moments où j’aurais aimé être un peu plus présent, j’aurais dû avoir un peu plus de réussite, d’audace, expliquait-il deux jours plus tôt. J’espérais mieux sur les Classiques ardennaises et le Tour de France, deux moments de la saison où j’étais attendu. J’ai dû rester patient parce que ça n’allait pas comme je voulais. »
En écho à ce discours, Pavel Sivakov soulevait aussi les difficultés de sa propre saison, « les moments de doute », alors que l’équipier de Pogačar a terminé un Tour de France victorieux collectivement mais malade. Deuxième hier, il a retrouvé des sensations et depuis l’Europe, le sélectionneur Thomas Voeckler a dû puiser dans ce doublé français en Amérique beaucoup d’inspiration pour l’Afrique.
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Il Riconquistatore
Con una padronanza tattica perfetta ma quasi “innaturale”, Julian Alaphilippe ha conquistato il suo primo trionfo dopo più di un anno. Era diventata un'ossessione prima della fine della stagione.
13 settembre 2025 - L'Équipe
LUC HERINCX
QUÉBEC (CAN) – È una rivincita su più livelli, sulle annate rovinate dagli infortuni, sull'imbarazzo di Carcassonne (15ª tappa del Tour de France) dove aveva alzato le braccia pur tagliando il traguardo al terzo posto e, più aneddoticamente, sui britannici, gli ultimi ad aver trionfato nell'anfiteatro naturale delle Plaines d'Abraham, nel 1759. Per lavare l'affronto del marchese di Montcalm, il nuovo circuito del Grand Prix de Québec ha premiato Julian Alaphilippe, un generale audace e di certo uno dei più abili tattici del ciclismo francese contemporaneo.
Il due volte campione del mondo (2020 e 2021) non aveva mai vinto in questa stagione con i colori della sua nuova squadra (Tudor), le sue ultime sei partecipazioni in Canada lo avevano sempre lasciato con l'amaro in bocca («Non mi sono mai avvicinato al podio, e in una gara che sognavo di vincere»), ma ieri ha corso con la padronanza del leader intoccabile, mentre Tadej Pogačar (UAE Emirates-XRG) si affannava in tentativi vani.
«Sapevo che mantenere la calma sarebbe stata una delle chiavi del successo», ha analizzato il 33enne di Montluçon. «Avrò chiesto venti volte via-radio se potevo collaborare (alla fuga), dieci volte non deve aver funzionato, le altre dieci volte mi è stato detto di no. Quindi ho tenuto a freno i nervi, cosa innaturale per me, ma era diventato così difficile vincere che alla fine è stato proprio questo a darmi l'energia necessaria per scattare...».
Arruolato a 78 km in un gruppo dalle ambizioni incerte, all'inseguimento della fuga mattutina ma a portata di tiro del gruppo, Alaphilippe ha pedalato con calma, lasciandosi talvolta staccare di qualche metro sulla salita della Montagne, con un bluff, ma dove più tardi, a 1,4 km dal traguardo, avrebbe sferrato un attacco secco degno dell'Alaphilippe iridato.
«Ci teneva a dimostrare a tutti che era ancora lì», ha ammesso con gli occhi lucidi la sua compagna, Marion Rousse, ai commentatori della televisione canadese. «Si è messo una pressione straordinaria in questo finale di stagione, mi ha detto quest'estate che avrebbe vissuto solo per la bicicletta fino alla fine dell'anno, perché altrimenti avrebbe sofferto molto per non aver mai vinto nella stagione.»
Sivakov secondo, i Bleus si affermano a due settimane dai Mondiali
Già in forma al Tour of Britain la settimana scorsa, spinto in particolare dalla prospettiva dei Mondiali in Ruanda (28 settembre), il puncheur dell'Alvernia aveva una feroce voglia di vittoria. «Ci sono stati momenti in cui avrei voluto essere un po' più presente, avrei dovuto avere un po' più di fortuna, di audacia», spiegava due giorni prima. «Speravo di fare meglio nelle Classiche delle Ardenne e al Tour de France, due momenti della stagione in cui ero atteso. Ho dovuto essere paziente perché le cose non andavano come volevo».
Facendo eco a quelle parole, anche Pavel Sivakov ha sottolineato le proprie difficoltà in questa stagione, «i momenti di dubbio», mentre il compagno di squadra di Pogačar ha concluso un Tour de France vittorioso dal punto di vista collettivo, ma per lui da malato. Ieri, secondo al traguardo, ha ritrovato le sensazioni giuste e dall'Europa il Ct francese Thomas Voeckler ha potuto attingere da questa doppietta francese in America molta ispirazione per la campagna d'Africa.

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