KOLO MUANI - Un plan de relance à la Juve
L’attaquant parisien doit s’engager aujourd’hui sous forme de prêt sans option d’achat avec la Juventus Turin. Son objectif : retrouver du temps de jeu et des sensations.
15 Jan 2025 - L'Équipe
HUGO DELOM et LOÏC TANZI
Didier Deschamps a dû apprécier la nouvelle. Depuis hier soir, le sélectionneur des Bleus sait que Randal Kolo Muani, qu’il a toujours convoqué malgré un temps de jeu souvent insignifiant avec le PSG ces derniers mois, évoluera bientôt dans un club qu’il adore: la Juventus Turin. Rassurant, à deux mois du prochain rassemblement.
Acheté 90 M€ par le PSG à l’été 2023, l’attaquant (26ans, sous contrat jusqu’en 2028), utilisé seulement 453 minutes depuis le début de saison, doit s’envoler ce matin pour Turin afin de s’engager pour un prêt sec de six mois.
Au-delà de la nécessité absolue de se relancer après un passage parisien où son jeu n’aura jamais collé avec les demandes (exigeantes) de Luis Enrique, Kolo Muani savait que cette décision allait conditionner une partie de sa carrière. Le choix de la Juventus, malgré l’offensive d’une petite dizaine de clubs, dont Tottenham, répond à plusieurs logiques.
Thiago Motta à la manoeuvre
Thiago Motta est un homme de réseaux. Pour parvenir à recruter Kolo Muani, l’entraîneur turinois, déjà intéressé par le profil de l’ex-Nantais l’été dernier, a usé de ses nombreux contacts parisiens. Dans le vestiaire ou parmi les salariés, afin de sensibiliser le joueur à son projet, mais aussi auprès des dirigeants.
Le technicien a ainsi, par exemple, échangé avec Nasser al-Khelaïfi, à l’origine de la venue de Kolo Muani en 2023, pour le convaincre de l’intérêt de relancer son joueur à Turin.
Mais cela n’aurait pas pesé lourd si l’ancien milieu n’avait pas sensibilisé l’international français (27 sélections) à son projet. Lors de ses échanges avec «RKM», qui ont été fluides, Thiago Motta, convaincu par l’état d’esprit de Kolo Muani, a insisté sur sa capacité à le faire progresser, dans un contexte où il aurait du temps de jeu et ce à différents postes. Un dialogue qui a compté.
Soucieux d’un contexte de jeu favorable
Dès les premiers mois, KoloMuani a mesuré la complexité de l’interprétation du rôle du numéro 9 chez Luis Enrique. Le vice-champion du monde 2022 a voulu se donner une chance en restant à Paris cet été – dans un contexte qu’il apprécie – pour réussir. En vain. Il a acté depuis le début d’automne un départ et a utilisé les périodes internationales pour se ressourcer
L’attaquant voulait avant tout avoir des garanties de temps de jeu pour s’exprimer. À la Juventus, il pourra évoluer sur les trois postes de devant (voir ci-dessous) et dans un système – avec des transitions – qui colle à son profil. Il sait aussi, à la différence d’un club anglais comme Tottenham, que la période d’adaptation à la Serie A sera moins importante. A fortiori avec un staff qui parle français et avec de très nombreux joueurs francophones (Kalulu, K.Thuram, T.Weah…).
Paris voulait valoriser son « actif »
Pour Paris, qui a acté depuis des mois, l’échec du recrutement de « RKM », la question du choix de la destination était centrale. Avec un enjeu majeur : tenter de valoriser un «actif» qui a coûté 90M€ il y a dix-huit mois. Le conseiller football Luis Campos ne cachait pas en privé, ces derniers mois, qu’il était convaincu de la capacité de Kolo Muani de s’imposer dans un contexte de haut niveau, loin du PSG. En clair, le dirigeant portugais regrettait que la greffe n’ait pas pris, mais ne doutait pas, sans le percevoir comme un crack, des aptitudes du joueur.
Le PSG n’entendait pas placer son attaquant n’importe où. Dans l’absolu, c’était un prêt avec option d’achat qui était priorisé. Les bonnes relations avec les dirigeants de la Juventus ont participé à faire évoluer ce principe de base. Le club piémontais, incapable d’assumer financièrement une option d’achat (a fortiori obligatoire), prendra en charge la totalité du salaire du Français et fera économiser plus de 4M€ au PSG. Paris sait qu’à la Juventus, dans un contexte où il pourra se montrer sur la scène européenne, Kolo Muani peut conserver une cote. Et donc être revendu plus facilement l’été prochain.
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Le joker idéal
À la Juventus, Randal Kolo Muani va compléter un secteur offensif où aucun joueur n’est un titulaire indiscutable.
VALENTIN PAULUZZI
MILAN (ITA) – Hier soir, lors du match nul contre l’Atalanta (1-1), la Juventus a aligné Teun Koopmeiners, un milieu polyvalent, seul en pointe. Le recrutement d’un attaquant était donc une priorité absolue. Depuis le début de la saison, Dusan Vlahovic est l’unique avant-centre de formation disponible. Il a débuté tous les matches qu’il a disputés, manquant seulement cinq rencontres en raison de deux pépins physiques, comme actuellement (gêne musculaire).
Cependant, son rendement reste inconstant malgré douzebuts en vingt-trois matches. Ses relations avec les supporters se sont détériorées, ces derniers lui reprochant des performances jugées insuffisantes au regard de son salaire (12 millions d’euros par an jusqu’en juin 2026). La situation est encore plus délicate pour Arkadiusz Milik, son remplaçant naturel, qui n’a toujours pas joué cette saison. Victime d’une opération d’un ménisque avant l’Euro 2024, l’ancien Marseillais devait revenir ces jours-ci, mais son retour a été retardé en raison de problèmes musculaires liés à une charge de travail importante.
Il pourra apporter de la vitesse
Randal Kolo Muani a donc sa carte à jouer en attaque. Contrairement à une autre cible turinoise, Joshua Zirkzee de Manchester United, il présente l’avantage de pouvoir évoluer sur les côtés dans le 4-2-3-1, ou parfois 4-3-3, de Thiago Motta. La concurrence y est néanmoins plus relevée sur le plan qualitatif, avec Francisco Conceiçao, excellent dans la provocation balle au pied à droite, et Kenan Yildiz (19 ans), qui continue de battre des records de précocité à gauche, mais qui se montre plus tranchant en 10. Elle l’est aussi sur le plan quantitatif avec Samuel Mbangula, Timothy Weah et surtout Nico Gonzalez (payé 28M€ cet été), mais aussi Weston McKennie et Andrea Cambiaso capables de dépanner sur les ailes. Tous ces éléments sont interchangeables et peuvent quasiment tous occuper les quatre postes offensifs.
Thiago Motta a d’ailleurs souvent rebattu les cartes. Mais dans son paquet, il n’en possédait pas une avec l’impact physique et la vitesse de Kolo Muani, qui aurait été une option précieuse pour tenter de l’emporter hier à Bergame.
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22 - Soit le nombre de Français à avoir joué pour la Juventus Turin. Le premier était l’attaquant Nestor Combin (1964-1965), le dernier le défenseur Pierre Kalulu (arrivé l’été dernier).
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