Donnarumma, match à bascule
Gianluigi Donnarumma s’étend et boxe le ballon de ses poings devant l’attaquant de Liverpool,
Luis Diaz, mardi lors de la victoire des Parisiens à Anfield en huitièmes de finale retour de
Ligue des champions (1-0, 4-1 aux t. a. b.).
Autoritaire et enfin décisif dans un gros rendez-vous en Ligue des champions,
le gardien du PSG a vécu à Anfield une soirée qui pourrait peser dans son destin.
“Au match aller, on avait encaissé un but sur leur seul tir cadré,
et on aurait dit que c’était de ma faute''
- GIANLUIGI DONNARUMMA
13 Mar 2025
L'Équipe
JOSÉ BARROSO (avec M. Go.)
On a beaucoup parlé de la mue d’Ousmane Dembélé, devenu cette saison le leader technique et goleador du PSG. À l’autre bout du terrain, une autre évolution est en marche. Gianluigi Donnarumma (26 ans) n’a pas attendu Luis Enrique pour être un gardien de premier plan, talent précoce lancé à 17 ans par l’AC Milan en Serie A, cadre de la Nazionale à qui il a fait gagner l’Euro 2021. Mais le géant de Castellammare diffuse une autre impression, ces dernières semaines, mise en évidence par sa masterclass mardi à Liverpool (1-0, 4-1 aux t.a.b.).
Héros de la séance des tirs au but en stoppant les tentatives de Darwin Nuñez et Curtis Jones, l’Italien avait affiché, avant ça, un visage nouveau entraperçu depuisdébut2025.Aufildelasoirée, il a multiplié les envolées hors de sa ligne, poings en avant, avec une hardiesse et un goût du contact rarement vus auparavant. Face à des clients tels que Virgil Van Dijk, Ibrahima Konaté, puis Nuñez, il a fait preuve d’autorité pour défendre son territoire et s’affirmer en patron de la défense. Cette rencontre aux allures de bascule pourrait peser lourd dans son destin personnel, alors qu’il négocie une prolongation depuis des mois (il est sous contrat jusqu’en juin 2026).
Il y a huit jours, le but encaissé face aux mêmes Reds, un tir de Harvey Elliott qu’il avait touché de la main sans l’empêcher d’entrer dans les filets (0-1), avait fait ressurgir les interrogations à son sujet.Cellesd’undesmeilleursspécialistes au monde, certes, mais pas assez décisif dans les grands rendez-vous européens (Real Madrid 2022, Bayern Munich 2023, FC Barcelone 2024).
Ce n’est pas un hasard si le PSG a recruté Matvey Safonov l’été dernier (20 M€) et a pris langue avec Lucas Chevalier (Lille). Cette fois, « Gigio » tient son match référence, au coeur d’une période charnière. Y a-t-il eu un déclic, quelques semaines après son violent choc à la tête avec Wilfried Singo?
Sorti parmi les derniers du vestiaireduPSG,mardisoir,lehéros du soir a dribblé la zone mixte, casquette enfoncée sur la tête. Un peu plus tôt, il avait livré son (res)sentiment au micro de Sky Italia. « J’ai vu tellement de critiques de la part de journalistes, si on peut les appeler ainsi, qui ne savent pas ce que c’est le métier de gardien, soufflait-il. Au match aller, on avait encaissé un but sur leur seul tir cadré, et on aurait dit que c’était de ma faute. Mais je continue à aller de l’avant et à garder le sourire. »
Une collision spectaculaire, des négociations qui patinent, des critiques mal vécues. C’est comme si, dans l’adversité, Donnarumma s’affirmait. Décrit à Paris comme un garçon « gentil », trop peut-être, il a passé un cap au gré de ces turbulences. Mardi, il fallait le voir recadrer vertement Fabian Ruiz, au coeur de la tempête rouge de la seconde période, scène rare chez lui. Surtout, il y a son attitude dans le but, donc. Depuis l’arrivée de Luis Enrique et son entraîneur des gardiens, Borja Alvarez, à l’été 2023, l’International italien (70 sélections) n’a jamais senti une confiance débordante de leur part. Le staff espagnol n’a pas cherché à le conforter, au contraire.
Donnarumma a été bousculé dans ses habitudes et ses méthodes, lui formé à l’école italienne qui privilégie les interventions sur la ligne. En lui faisant travailler son jeu au pied par exemple, beaucoup même, mais pas seulement. Il y a vu de la défiance, et il y avait de ça, le résultat est qu’il a été conduit à sortir de sa zone de confort. Le pari comporte une part de risque, car il a des repères de longue date, sur ses sorties aériennes par exemple. Mardi, cela fut payant. « Je pense qu’il a compris qu’il faut qu’il force sa nature, observe Jérôme Alonzo, ancien gardien parisien, consultant pour la Chaîne L’Équipe. Tu sens bien que ce n’est pas naturel, mais il a fait l’effort et je trouve ça remarquable. Et ses coéquipiers le sentent. »
De là à modifier le regard porté sur lui par Luis Enrique et ses adjoints, et donc peser dans les négociations en cours ? Donnarumma aimerait rester et des rendez-vous avec les dirigeants sont programmés pour avancer. Mais pour le moment, la proposition sur la table, assortie de nombreuses clauses optionnelles, lui fait douter de la volonté de le conserver coûte que coûte. De grosses écuries de Premier League sont à l’affût, comme le Bayern Munich qui prépare l’après Neuer.
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