ÉLECTRIFIÉS
54e: Serhou Guirassy prend le meilleur sur Thomas Meunier et est déséquilibré dans
la surface lilloise. L’action entraîne le penalty de l’égalisation en faveur de Dortmund.
FIN DE LA BELLE HISTOIRE
Après une courte période d’euphorie, les Lillois ont été dépassés par le Borussia Dortmund. Le rêve d’un premier quart de Ligue des champions s’est envolé brutalement, mais n’effacera pas les souvenirs laissés depuis août.
“On n’a pas joué ''
- BENJAMIN ANDRÉ, CAPITAINE DE LILLE
13 Mar 2025 - L'Équipe
NATHAN GOURDOL
VILLENEUVE-D’ASCQ (NORD) – C’est donc ce bruit, sourd et désarmant, que fait la foudre quand elle tombe dans une soirée que l’on rêvait sans nuages, commencée dans l’euphorie et la chaleur d’un stade rouge et blanc de plaisir. Comme un orage d’été, le Borussia Dortmund a totalement gâché les plans lillois en envoyant de gros éclairs qui ont totalement paralysé une équipe redevenue capable de ressentir la peur.
À force de voir ces effrontés s’amuser des plus grands qu’eux (Real, Atlético, Juventus…) durant leur fantastique épopée européenne, débutée en août dans le vacarme d’Istanbul contre Fenerbahçe au troisième tour préliminaire, on avait fini par les croire immunisés contre ces doutes. Mais le BVB, finaliste de la dernière édition, a sonné la fin de la récré.
Pour pousser le LOSC vers les quarts de finale de C1, une altitude jamais atteinte par le club avec deux premiers échecs en huitièmes (contre Manchester United en 2007 et Chelsea en 2022), les supporters nordistes avaient choisi de reproduire en tribunes le beffroi de l’ hôtel de ville de Lille, le plus élevé d’Europe (104 m) et inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Le côté droit en souffrance
Devant leur entame énorme, on a d’abord songé que les Dogues, si solides face au Mur jaune la semaine dernière (1-1), avaient appris à se complaire à cette hauteur. Sur un rush de l’inclassable Ismaily (35 ans), Monsieur C1 Jonathan David a en effet signé son neuvième but européen depuis août dès la 5e minute. Et la façon dont le BVB, alors désorganisé, reculait face au pressing, accréditait la thèse de l’exploit en route.
Adepte des coups inattendus, Bruno Genesio avait opté pour Rémy Cabella sur l’aile droite plutôt que Mitchel Bakker ou Matias Fernandez-Pardo, « pour son expérience et ses capacités techniques sous pression » .Pasla meilleure trouvaille de sa boîte à outils continentale. L’ex-Montpelliérain a raté la volée du break (14e) et Dortmund a vite compris qu’il fallait attaquer de son côté, avec un duo RyersonBeier parfait pour dynamiter la paire de trentenaires qu’il formait avec Thomas Meunier, en grande souffrance. Il a fallu un sauvetage d’Alexsandro (17e), puis trois miracles de Lucas Chevalier (19e, 20e) pour que Lille ne cède pas plus tôt, mais l’atmosphère avait déjà changé.
Si le LOSC a maintenu l’illusion jusqu’à la mi-temps, sa justesse technique a lentement baissé, à mesure que la pression se faisait de plus en plus intense, notammentphysiquement. Et tout a craqué ensuite.
Les Lillois ont évidemment le droit de se plaindre de l’arbitrage du suisse Sandro Schärer, qui a sanctionné la charge en retard de Meunier sur Serhou Guirassy d’un penalty (52e), à la base du renversement allemand. Mais c’est surtout leur propre incapacité à endiguer le contre-pressing adverse qu’ils doivent maudire. «On n’a pas joué », pestait le capitaine Benjamin André, quand G en es io évoquait un collectif« un peu pris par l’enjeu ». En abandonnant ses intentions, son équipe a vu les vagues déferler jusqu’à sa surface, et l’excellent Maximilian Beier a définitivement enfoncé son côté droit défaillant (65e).
On peut reprocher à Genesio une certaine passivité dans son coaching, intervenu après ce second coup de massue, grandement prévisible avec le feu nourri adverse. Mais le technicien a aussi engagé la responsabilité de ses deux premiers entrants (Gudmundsson et Akpom). « Le remplacement était prévu depuis longtemps, mais il y a eu un long laps de temps de préparation. C’est ça aussi le haut niveau, c’est là où on doit encore apprendre », a-t-il glissé, avant de vite refermer la parenthèse, préférant insister sur la campagne extraordinaire de son équipe.
Homme fort de celle-ci, le roc Bafodé Diakité était prostré dans le rond central après avoir luimême failli. Une frustration à la hauteur des espoirs suscités par ce groupe, déjà déterminé à retrouver ce parfum la saison prochaine. Un chemin encore long, puisqu’il faudra d’abord digérer le retour à la Ligue 1, à Nantes dès samedi, puis s’accrocher au bon wagon( Lille est 5e ). Avant de gérer un été où le téléphone du président Olivier Létang ne va pas cesser de sonner, tant Chevalier, Hakon Haraldsson, Ayyoub Bouaddi et consorts ont épaté le monde. La rançon d’une gloire inachevée, mais mémorable quand même.
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EMERY TAISNE
Létang: «J’ai trouvé ça particulier»
Après deux décisions contraires à son équipe, hier, le président du LOSC s’est étonné de la désignation d’un arbitre suisse allemand.
“Il n’y a pas penalty, c’est extrêmement sévère''
SAÏD ENNJIMI, ANCIEN ARBITRE INTERNATIONAL
VILLENEUVE-D’ASCQ (NORD) – C’est un art de dire les choses en faisant mine de ne pas vouloir le faire. Et derrière les précautions d’usage («Je n’ai pas envie de polémiquer », a-t-il assuré en préambule), la remise en cause par Olivier Létang de la désignation par l’UEFA de M. Sandro Schärer pour ce 8e de finale retour de Ligue des champions a suggéré que le président du LOSC avait plutôt envie du contraire. « Quand j’ai vu qu’il était Suisse allemand, j’ai trouvé ça particulier. À la mi-temps, il parlait avec les joueurs de Dortmund exclusivement en allemand», a indiqué le dirigeant après la défaite des Dogues hier face au Borussia.
Deux actions litigieuses – le penalty obtenu par Serhou Guirassy à la 54e minute et la non-expulsion de Waldemar Anton à la 68e – ont focalisé son attention. Létang ne s’est pas fait prier pour mettre les pieds dans le plat alors que l’ essentiel des on discours, jusque-là, avait été axé sur la manière dont ce8e de finale de C 1 a échappé au LOSC, sur la frustration d’être éliminé, bien sûr, mais aussi sur la fierté d’avoir prolongé l’aventure européenne aussi loin.
« Il y a penalty et il y a carton rouge», a-t-il asséné lorsqu’on l’a relancé sur la décision de M. Schärer de sanctionner Thomas Meunier d’un penalty pour une (très) légère poussette sur Guirassy. Tant qu’à ouvrir le dossier Schärer, Létang y est allé jusqu’au bout en pointant du doigt l’obstruction d’Anton sur Gabriel Gudmundsson qui n’a valu à l’international allemand qu’une remontrance orale. « Vous avez vu que Kovac l’a immédiatement sorti après sa faute ?, a-t-il fait remarquer. Il a fait exactement la même en première période. Il y a carton jaune une fois, et pas l’autre. C’est particulier…»
Il a manqué trop de choses aux Lillois en seconde période, hier, pour se réfugier uniquement derrière ce fait de jeu. Létang l’a bien précisé, et cela explique aussi que les Dogues ne se soient pas engouffrés dans la polémique. Officiellement, ni Hakon Haraldsson ni Jonathan David n’avaient revu l’action du penalty lorsqu’ils se sont présentés devant la presse. Le premier a estimé qu’il y avait penalty, le second non. «Dece qu’on me dit, c’est très léger, a indiqué l’attaquant canadien. Limite, il n’yamêmepas (penalty). Moi, je suis sur le terrain. C’est aux arbitres de voir au VAR et de décider.»
Ancien arbitre international, Saïd Ennjimi a tranché la question et donné raison à Létang: «Iln’ya pas penalty, c’est extrêmement sévère.» Encore plus lorsque l’on se souvient qu’à une semaine d’ intervalle,le défenseur de Liverpool Ibrahima Konaté était sorti indemne d’une poussette bien plus évidente sur Bradley Barcola. «Il n’y a pas photo, poursuit Ennjimi. Le joueur de Dortmund est à peine touché et en rajoute.» C’est également ce qu’a semblé dire Lucas Chevalier à Guirassy en prenant l’international guinéen par l’épaule juste après la décision qui a précipité la chute des Lillois.
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