Une soirée red dingue


Scènes de liesse dans le vestiaire, fatigue extrême, discours humbles en interne, échange avec Virgil Van Dijk : l’après Liverpool-PSG a été riche. Récit de ces heures qui marqueront la saison et l’histoire parisienne.

“On n’a jamais été aussi confiants avec 
ce que notre entraîneur met en place''
   - UN MEMBRE DU CLUB

13 Mar 2025 - L'Équipe
LOÏC TANZI et HUGO DELOM

LIVERPOOL (ANG) – C’est une scène déjà revue des milliers de fois par les supporters du PSG depuis quelques heures. Une de ces scènes qui restera ancrée longtemps, sans doute à jamais, dans la mémoire collective. Désiré Doué vient d’inscrire le quatrième tir au but parisien et de valider la qualification (1-0, 4-1 aux tirs au but). Celui qui propulse le club de la capitale en quarts de finale et une folie s’empare du kop. Il est 22 h 45 (heure locale) et, à cet instant, les Parisiens ne sont plus seulement ces joueurs aux CV XXL, aux salaires mensuels à six (ou sept) chiffres, mais bien des gamins qui savourent le moment devant 3000 ultras.

Plus haut, quasiment au sommet d’Anfield, à l’opposé des bancs, dans les quelques places réservées aux familles et aux amis des joueurs, la même transe surgit. Chez les proches d’Achraf Hakimi, Ousmane Dembélé, Bradley Barcola, Joao Neves et des autres, ça pleure, ça se saute dessus, ça s’embrasse aussi parfois. Même des gens que l’on ne connaît pas. Ce qui peut donner lieu à des quiproquos improbables.

Les proches de Gianluigi Donnarumma, dont son frère, ne masquent pas leur émotion. On n’efface pas les critiques accumulées dans la semaine en un instant. Un peu plus loin, parmi les familles des joueurs anglais, comme chez les dirigeants des Reds, ces minutes sont teintées de tristesse. Mais même chez eux, dans les discussions, revient rapidement le sentiment d’une élimination méritée, face à des joueurs comme Neves, Vitinha et surtout DésiréDoué,quepeuconnaissaientetquia impressionné en prolongation.

« Voulez-vous » d’Abba pour ambiancer le vestiaire

Sur la pelouse, les joueurs du PSG étirent cette séquence. Par petits groupes, les Doué, Barcola, Dembélé savourent. Et là aussi, ça hurle: « 11 mars! », en référence à cette date désormais porte-bonheur dans l’histoire du PSG (qualification contre Chelseaen2015etDortmunden2020àcette date). Une symbolique dont les joueurs et le staff avaient parlé avant la rencontre. Il flotte dans l’air froid de cette nuit de Liverpool une drôle d’impression.

Comme si cette bande, convaincue depuis l’aller de pouvoir réaliser l’exploit, entendait encore et encore savourer l’instant. Hakimi s’avance vers le centre du terrain pour y déposer un drapeau parisien, récupéré dans le kop, malgré les réticences d’un membre de sécurité de Liverpool. Un geste symbolique : « La réussite du coach, c’est aussi d’avoir construit un sentiment d’appartenance à l’équipe et au club », glisse un proche du groupe professionnel.

Luis Enrique, en compagnie de Rafel Pol et de Joaquin Valdes, après avoir passé un long moment devant le kop, s’avance vers le tunnel. Exténué par 120 minutes au cours desquelles on l’aura vu pester – contre les choix au pied de Donnarumma –, recadrer Vitinha ou Khvitcha Kvaratskhelia, haranguer ses joueurs et les pousser, enfin, lors de cette fameuse causerie d’avant séance de tirs au but. Au cours de laquelle il aura notamment répété son mantra : « On ne perdra pas parce qu’on a peur. » Une manière de dire que le destin de ce type de match appartient aux plus courageux.

Les joueurs regagnent le vestiaire. Certains – beaucoup en fait – sont épuisés. Neves, Vitinha, Nuno Mendes et Hakimi semblent les plus marqués par les immenses effortsdusoir.Levestiaireest«ambiancé» par une forte musique. Presnel Kimpembe, Arnau Tenas, souvent DJ improvisés, se lancent parfois dans des choix improbables: Abba… (Voulez-vous). Ça chante et ça chambre aussi. Donnarumma pour les tirs au but, Dembélé sur certains choix de jeu. Les téléphones sont de sortie. À distance, par visio, les familles savourent ces instants de bonheur.

Les excuses de Van Dijk auprès de Campos

Depuis la salle de conférence de presse, les chants parisiens résonnent. Nasser alKhelaïfi, après avoir fait part de sa « fierté », évoque, ambitieux, devant son groupe: «Ce n’est que le début de notre histoire cette saison. » Comme pour mieux donner rendezvous pour la suite. Dans les couloirs, le président parisien est félicité par les dirigeants de Liverpool, mais aussi par la légende Kenny Dalglish. Le dirigeant s’autorise un aparté avec Virgil Van Dijk et Luis Campos devant le vestiaire. Il n’est pas question de transfert. Le défenseur néerlandais vient s’excuser auprès du Portugais pour ses propos dans le tunnel du Parc des Princes lors de la mi-temps du match aller – « On n’est pas en Ligue 1! »

Après ses excuses, le capitaine de Liverpool en profite pour échanger sur la rencontre. « Un moment de grande classe, explique un témoin de la scène. Virgil a simplement expliqué que Paris était une belle équipe et qu’il n’y avait pas de honte pour eux de se faire éliminer par ce PSG. » Les bonnes relations entre le président parisien et le joueur pourront-elles dévier dans les prochains jours vers une future collaboration? Il ne faut jamais dire jamais, alors que Paris s’est déjà mis en quête d’un défenseur central côté droit pour la saison prochaine dans le cadre d’un possible départ de Marquinhos.

À cet instant, le capitaine parisien est loin de ces considérations-là. Devant la presse, il déverse des éléments de langage habituels. « Favori ? On en est loin, il faut garder les pieds sur terre », lâche-t-il d’abord avant de se féliciter de voir un « groupe beaucoup plus collectif » qu’avant. Dans l’avion qui ramène les joueurs à Paris, la fatigue s’installe. Elle est immense chez les titulaires. Hier, les joueurs bénéficiaient d’un jour de repos. Restaurants à la mode dans le coeur de Paris, magasins de l’avenue Montaigne, siestes, ou moments en famille : en fonction de l’énergie du jour, les activités diffèrent. Les séquences du match sont revues. Les échanges tournent aussi autour de la réussite de la rotation mise en place par Luis Enrique et de l’énergie déployée.

Le Classique de dimanche contre l’OM est déjà dans les têtes mais la lassitude physique est totale. En interne, l’heure est au bilan, aux petites satisfactions et aux petites piques : « Quel moment pour le club, pour les joueurs, pour les gens investis et surtout pour notre projet. Cela ne fait que 18 mois que nous avons commencé notre transformation et tout n’est pas encore parfait, il y a des choses à changer encore dans le club, mais ce genre de résultat nous montre qu’on doit continuer, résume un membre du club.

Après le match du Bayern Munich (0-1, le 26 novembre), on était morts pour tout le monde. Mais nous sommes restés très droit dans le projet et autour de ce que le coach voulait faire. On a même entendu qu’on avait parlé avec Mourinho ou Klopp pour venir. On n’a jamais été aussi confiants avec ce que notre entraîneur met en place. Au contraire, et ce n’est pas si commun pour nous… » Paris traverse bien des heures à part. Des momentsrares.


En haut à gauche : Nasser al-Khelaïfi, président du PSG, Virgil Van Dijk, défenseur de Liverpool, et Luis Campos, directeur du football du PSG, en discussion après la rencontre.

À droite : les supporters parisiens étaient environ 3 000 à célébrer 
la qualification avec les joueurs et le staff, mardi à Liverpool.

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Maintenant, on a compris

13 Mar 2025 - L'Équipe
VINCENT DULUC

L’exploit du PSG à Liverpool est d’abord la victoire de Luis Enrique, de la construction d’une identité de jeu, d’un caractère et d’une jeune équipe en pleine progression.

Longtemps, on a vu où il voulait en venir, mais sans que le terrain ne raconte exactement la même histoire que lui. Mais depuis deux mois, depuis que le PSG diffuse une véritable force, qu’il sait rester intense pendant 90 minutes et qu’Ousmane Dembélé marche sur l’eau, tout ce que Luis Enrique a construit prend un sens différent.

Ce que les Parisiens viennent de réaliser dans leurs deux matches face à Liverpool (0-1, 1-0, 4-1 aux t.a.b.), deux grandes performances à plusieurs facettes, porte la signature de l’entraîneur espagnol. Il a su bâtir tout à la fois une identité de jeu forte, un esprit collectif dont aucun joueur ne peut s’écarter, un caractère qui lui a permis de survivre à la tempête, en seconde période, à Anfield, et il a continué de faire progresser, individuellement, ses joueurs.

Il s’accroche à sa vision

Il était difficile à entendre, au printemps dernier, quand il annonçait préparer la saison suivante, alors qu’il avait une demi-finale de Ligue des champions à gagner, et qu’il allait la perdre. Mais il est possible qu’il ait commencé, dès ce moment-là, à bâtir une force. Il a affiné le projet, pendant l’été, en se penchant sur le recrutement avec Luis Campos, et en faisant venir des jeunes joueurs adaptables, comme Joao Neves, Willian Pacho et Désiré Doué.

Dans un monde du foot qui est en train de valoriser à nouveau la transition et de tourner le dos à la possession, après avoir sans doute trop cherché à imiter Pep Guardiola sans en avoir les moyens, il s’accroche à sa vision du foot : il veut la possession, et quand il n’a pas le ballon, s’organise pour le récupérer le plus vite possible. Sa force est d’utiliser le talent de ses joueurs, avec le ballon, ce qui n’est pas le plus difficile, mais surtout d’avoir créé, sans le ballon, un enfer pour tous ses adversaires.

C’est à la fois le succès d’une gestion mentale, athlétique et tactique : il a fallu l’organiser, avec l’idée de bouger avec le ballon sans perdre complètement la structure pour défendre à la perte, mais aussi convaincre tout le monde de faire les mêmes efforts, et de les rendre possibles par une gestion parfaite des temps de jeu. Les Parisiens forment une équipe incroyablement intense, et ils n’ont pas un seul blessé au coeur du mois de mars. Pas un joueur ne va râler parce qu’il sort à l’heure de jeu, et pas un ne va retenir ses efforts de pressing ou de replacement en prétextant les langueurs d’un autre, puisqu’elles n’existent pas, ou plus. Leur marge en Ligue 1 les a bien aidés, c’est vrai, mais Luis Enrique a été méticuleux et assez brillant dans la gestion des ressources, jusque-là.

Les messages publics de l’entraîneur espagnol, qui peuvent ressembler à ses messages internes, parfois, disent aussi sa manière de gérer le caractère de son groupe : il atténue les louanges dans les périodes apparemment faciles où il doit mobiliser et alerter, mais il s’en charge lui-même quand son équipe a besoin de confiance. Après l’aller contre Liverpool (0-1), il a contrevenu à l’un de ses principes intangibles en parlant immédiatement à ses joueurs pour leur dire qu’ils pouvaient le faire, qu’ils allaient le faire. « Je ne parle jamais aux joueurs après les matches en général, je l’ai fait, et je ne pense pas que je le referai », avouait-il à Liverpool, lundi. La confiance, voire la foi, à Anfield, c’était lui, aussi.

Avec lui, les joueurs progressent

L’un des aspects essentiels de sa construction est la progression de ses joueurs. À l’automne, quand Paris était sur un fil en Ligue des champions, remontait de la direction sportive ce message : « Cette saison, c’est peutêtre un peu trop tôt. Mais nous serons très forts l’année prochaine. » Luis Enrique et son groupe n’ont pas attendu. La progression concerne les jeunes joueurs, comme Doué (7 buts et 10 passes décisives depuis son entrée en jeu à Salzbourg 3-0, début décembre), Neves, Pacho ou Bradley Barcola, mais le cas d’Ousmane Dembélé est évidemment central.

À 27 ans, le joueur a sa part dans cette transformation qui a changé la vie du PSG et de son entraîneur, mais celle de Luis Enrique est importante. Disons que Dembélé est devenu un buteur et que son entraîneur en a fait un avant-centre, deux constats imbriqués. Il y a ce que l’attaquant donne à l’équipe, au pressing, pendant deux heures, ses courses généreuses dans les espaces, mais il y a aussi la qualité de ses déplacements à Anfield, dans des zones où il pouvait être un relais. Soit il a tout compris tout seul, soit son entraîneur lui a bien expliqué, mais le voilà avant-centre et buteur : le PSG a changé, sous Luis Enrique, et Dembé léa beaucoup, beaucoup changé.

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Un jackpot de144,5 M€ en cas de titre

13 Mar 2025 - L'Équipe
ÉTIENNE MOATTI

Si le PSG remporte la Ligue des champions, il recevra une somme record de l’UEFA. Pour ses exploits sportifs, mais aussi grâce aux droits télé versés par Canal+, le diffuseur français de la compétition.

Merci Canal+ ! Brouillés avec la chaîne cryptée sur la scène nationale, les clubs français bénéficient, à l’échelle européenne, de ses largesses. Grâce aux droits de diffusion versés par leur ancien « partenaire historique » (480 millions d’euros annuels pour les droits exclusifs de la Ligue des champions, de la Ligue Europa etdelaLigueConférencejusqu’en2027), ils démarrent la saison en position de force. Le PSG est ainsi la formation la mieux lotie avant même d’avoir entamé la compétition avec un pactole de 63,35 millions d’euros. Il devance tous les poids lourds de la scène continentale (dans l’ordre Manchester City, le Bayern, Liverpool, Dortmund et le Real Madrid) en termes de gains. Comme tous les autres,lePSGbénéficed’uneprimedeparticipation de 18,62 M€. Mais aussi de 33,66M€ pour la part qui mêle le classement sportif sur cinq ans et les droits télé. Et 11,07 M€ pour le seul historique sportif. Une combinaison compliquée qui place en tout cas le club parisien devant tous les autres.

En accédant aux barrages, grâce aux diverses gratifications de l’instance européenne, le PSG avait déjà engrangé 80,91 M€. Depuis se sont ajoutées la prime pour les huitièmes de finale (11 M€) et celle, brillamment obtenue à Anfield, pour les quarts (12,5M€). Autant dire que la cagnotte s’élève maintenant à 104,5M€.

Les recettes de la billetterie à ajouter

Et elle pourrait grossir encore si l’aventure mène les Parisiens jusqu’à l’Allianz Arena de Munich, l’enceinte de la finale de la Ligue des champions. Comme les demi-finales offrent une gratification supplémentaire de 15 M€ et le titre un bonus de 25 M€, Paris récolterait 144,5M€ s’il gagne la C1. Sans compter lesrentréesbilletteriepourhuitmatches à guichets fermés au Parc des Princes qui rapporteraient autour de 30M€. Soit une recette globale proche de 175M€.

De son côté, Lille, qui profite aussi de lagénérositédeCanal+etdesonmagnifique parcours, avait déjà engrangé 78,71 M€ au stade des huitièmes de finale (moins que le PSG en raison de résultats européens passés bien moins flatteurs). Si les Dogues, finalement éliminés hier par Dortmund, étaient allés au bout, ils auraient atteint un montant de gains de 131,5 M€. Là encore sans prendre en compte les recettes générées par les spectateurs.

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J. Ba.

Marquinhos incertain contre l’OM

Au lendemain de leur qualification homérique à Liverpool, les Parisiens étaient au repos hier. En cette période chargée, Luis Enrique et son staff privilégient la récupération et le retour à l’entraînement est prévu cet après-midi, pour débuter la préparation du choc contre l’OM dimanche. Sorti sur blessure dans le temps additionnel de la seconde période, Marquinhos est incertain pour le Classique. Au vu des premières observations, son cas ne suscite pas de grosse inquiétude en interne mais il pourrait être ménagé. Averti à Anfield, le défenseur brésilien sera suspendu pour le quart de finale aller de Ligue des champions, le 8 ou le 9 avril. Contre Marseille, dernière grosse opposition d’ici là, Luis Enrique pourrait donc être tenté d’éprouver la charnière susceptible d’être titularisée pour ce rendez-vous européen.

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Al-Hilal veut Virgil van Dijk

Le défenseur de Liverpool, Virgil van Dijk, a reçu une première proposition d'Al-Hilal (Arabie saoudite) supérieure à 20 M€ net. Le capitaine des Reds est en réflexion et n'a pas encore donné de réponse, préférant se concentrer sur la fin de saison avec notamment la finale de la Coupe de la Ligue, dimanche contre Newcastle, et un nouveau titre en vue en Premier League. Le contrat du Néerlandais (33 ans), arrivé en 2018 à Liverpool, se termine en juin.

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