UNE SPLENDEUR


L’émotion de Mathieu Van der Poel à l’arrivée, lui qui a su résister aux assauts intempestifs de Tadej Pogacar et au retour de Filippo Ganna pour remporter hierViaRomaune Primavera de légende.

Tadej Pogacar a fait exploser Milan-San Remo dans la Cipressa, Filippo Ganna s’est accroché comme un damné et Mathieu van der Poel a crucifié ses deux adversaires via Roma pour remporter une des Primavera les plus folles de l’histoire.

Le forcing de Pogacar suffit à tout faire exploser et à dénaturer le Monument italien qui, d’ordinaire, se décide plus loin van der Poel est un rebelle parmi les rebelles, le premier résistant face à l’hégémonie de Pogacar

23 Mar 2025 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS

SAN REMO (ITA) – Comment rendre compte de cette pure folie ? De cette merveille qui a passé au broyeur toutes les discussions vaines de la semaine, toutes ces hypothèses, ces calculs, ces circonvolutions inutiles alors qu’il n’y avait qu’à se laisser bercer et observer ces doux dingues se mettre des peignées monumentales?

Il n’y avait qu’à observer Mathieu van der Poel après l’arrivée pour comprendre ce que ce deuxième succès dans Milan-San Remo lui avait coûté. La ligne via Roma l’avait fait passer d’un monde à un autre, Alice qui traversait le miroir au pays des Merveilles, du super-héros injouable au gars ordinaire de 30 ans béat, petite tête de premier communiant qui essayait de comprendre ce qui venait de lui tomber dessus. Souvent froid et engageant comme un couteau à beurre, Mathieu van der Poel était au bord des larmes, pas loin de craquer, ému comme on ne l’avait jamais vu.

En contraste, Tadej Pogacar, flottant dans un maillot de champion du monde qui semblait subitement un peu grand, avait la moue de travers, loin de sa bonne humeur habituelle, car ce revers lui avait fait si mal. Le Slovène a pourtant été un perdant magnifique, le cerveau derrière ce scénario brindezingue, ce copain diabolique qui, au milieu de la nuit, toujours vous invite à le suivre plus loin dans la folie. Le champion du monde, bravache, avait décidé de tordre le cou à la Primavera, d’essayer de l’assujettir et de mettre le feu à la Cipressa comme jamais, plus de trente-cinq secondes rabotées par rapport à l’ascension de l’an passé, un autremonde,unprécipicequis’ouvrait sous les roues de tout le monde, à commencer par celles de Mads Pedersen, enseveli.

Pogacar a attaqué à deux reprises dans cette montée, puis trois fois dans le Poggio, mais cela n’a pas suffi. Que lui a-t-il manqué? Un équipier et plus particulièrement Isaac Del Toro, noyé au pied de la Cipressa, ce qui grippa la mécanique échafaudée par les UAE. Il n’y avait plus que Tim Wellens pour appuyer sur l’accélérateur, puis Jhonatan Narvaez, mais cela ne dura pas assez longtemps et Pogacar fut condamné à s’envoler très tôt, trop tôt, à 25 km de l’arrivée. Le forcing du Slovène suffit à tout faire exploser et à dénaturer le Monument italien qui, d’ordinaire, se décide plus loin, aidé par les premières heures de course, courues sous la pluie et dans la fraîcheur. Mais pas à décramponner ses plus féroces adversaires, Mathieu Van der Poel, Filippo Ganna et un tout petit moment Romain Grégoire.

Dans le Poggio, sa deuxième accélération ouvrit un espace de quelques mètres, mais van der Poel fut assez puissant pour le combler. L’illustration que, dans les Monuments, et dans Milan-San Remo en particulier, les destins se décident sur un fil, que tout s’y joue à un millimètre. De la matière à mastiquer pour Tadej Pogacar, qui s’est encore cassé les dents sur la Primavera, mais s’est offert un an de psychothérapie supplémentaire tant le Monument italien le désarme, le place face à une impasse et un défi immense, lui qui par ailleurs affiche si peu de faiblesses. En attendant, le trio qui ouvrait la route était implacable, une image sublime, les liserés de champion du monde sur les manches de Van der Poel et Pogacar se démarquaient dans la cavalcade et l’on notait les mécaniques bien posées sur les vélos du Néerlandais et de Ganna, sans doute les deux plus beaux coureurs du monde sur leur machine, comme autant de signes qu’il n’y avait aucune chance de les revoir.

Décramponné dans le Poggio, l’Italien d’Ineos Grenadiers parvint à revenir dans les roues à San Remo, mais à ce moment-là, dans le sprint, Mathieu van der Poel était injouable. Le Néerlandais a été exceptionnel, il n’y a pas d’autre façon de l’écrire, un monstre qui poussa la torture de Pogacar jusqu’à l’attaquer à 500 mètres du Poggio, ce qui provoqua une riposte du Slovène et un coude-à-coude où les deux s’échangèrent quelques mots sans qu’ils ne divulguent lesquels.

Le petit-fils de Raymond Poulidor a remporté son deuxième Milan-San Remo. Jamais dans l’indifférence, toujours avec style, et après avoir javellisé la concurrence dans le Poggio il y a deux ans pour s’offrir une arrivée en solitaire Via Roma, il a cette fois bataillé jusqu’à la ligne. Il a désormais remporté son septième Monument mais, surtout, sous ses manières chirurgicales, il est un rebelle parmi les rebelles, le premier résistant face à l’hégémonie de Pogacar. Le seul capable de lui briser les reins, une morsure de plus hier dans le sprint, après celle d’il y a deux ans dans le Poggio, sans parler du sprint dans le Tour des Flandres 2022. Il est le seul à pouvoir, de temps à autre, entrer en collision avec le Slovène. Un des plus grands coureurs de classiques de l’histoire face à un des plus grands coureurs de l’histoire qui entrent en collision, une sorte de bénédiction. Milan-San Remo a la réputation d’être une course ennuyeuse? Ces coureurs sont en train de la redessiner pour en faire un des Monuments les plus excitants. La classique italienne a donné le ton du printemps. Dans deux semaines, le Tour des Flandres remettra aux prises Mathieu van der Poel et Tadej Pogacar, avec cette fois peut-être un léger avantage pour le Slovène. Bon sang, qu’ est-ce qu’ on a hâte d’ y être!

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L'emozione di Mathieu van der Poel al traguardo, 
quando ha resistito agli incessanti attacchi di Tadej Pogacar e alla rimonta 
di Filippo Ganna per vincere sulla leggendaria via Roma la Primavera di ieri.

UNO SPLENDORE

Tadej Pogacar ha fatto saltare la Milano-Sanremo sulla Cipressa, Filippo Ganna ha lottato come un dannato e Mathieu van der Poel ha messo in croce i suoi due rivali in via Roma per vincere una delle Primavera più folli della storia.

Il forcing di Pogacar è bastato a far esplodere tutto e a stravolgere la Monumento italiana, che di solito si decide più indietro, van der Poel è stato un ribelle tra i ribelli, il primo a opporsi all'egemonia di Pogacar.

23 marzo 2025 - L'Équipe
ALESSANDRO ROOS

SAN REMO (ITA) - Come si fa a catturare questa pura follia? Questa meraviglia che ha messo a dura prova tutte le inutili discussioni della settimana, le ipotesi, i calcoli e le inutili convoluzioni, quando bastava lasciarsi cullare e guardare questi gentili sciocchi lanciarsi monumentali stilettate?

Bastava guardare Mathieu van der Poel dopo il traguardo per capire quanto gli fosse costato questo secondo successo nella Milano-Sanremo. Il traguardo di via Roma lo ha portato da un mondo all'altro, da Alice attraverso lo specchio nel Paese delle Meraviglie, da supereroe ingiocabile a normale trentenne beato, con la testa alla prima comunione, che cerca di capire che cosa gli sia appena capitato tra le mani. Spesso freddo e coinvolgente come un coltello da burro, Mathieu van der Poel era sull'orlo delle lacrime, vicino a scoppiare, commosso come non mai.

Al contrario, Tadej Pogacar, che galleggiava in una maglia di campione del mondo che improvvisamente sembrava un po' grande, aveva un broncio storto, lontano dal suo solito buon umore, perché questa battuta d'arresto gli aveva fatto molto male. Eppure lo sloveno è stato un magnifico perdente, la mente di questo folle scenario, questo amico diabolico che, nel cuore della notte, ti invita sempre a seguirlo nella follia. Lo spavaldo campione del mondo aveva deciso di tirare il collo alla Primavera, di provare a sottometterla e di infiammare la Cipressa come mai prima d'ora, con trentacinque secondi in meno rispetto all'ascesa dell'anno scorso, un altro mondo, un precipizio che si apriva sotto le ruote di tutti, a cominciare da quelle di Mads Pedersen, seppellito.

Pogacar ha attaccato due volte su questa salita, poi tre volte sul Poggio, ma non è bastato. Che cosa gli è mancato? Un compagno di squadra, in particolare Isaac Del Toro, che è affondato ai piedi della Cipressa, mettendo in crisi l'UAE. Solo Tim Wellens è rimasto a premere sull'acceleratore, seguito da Jhonatan Narváez, ma non è durato abbastanza e Pogacar è stato condannato a partire molto presto, troppo presto, a -25 km dall'arrivo. Il forcing dello sloveno è bastato a far esplodere tutto e a stravolgere la Monumento italiana, che di solito si decide più avanti, aiutato dalle prime ore di gara, corse sotto la pioggia e al freddo. Ma non è riuscito a staccare i suoi rivali più agguerriti, Mathieu van der Poel, Filippo Ganna e, per un po', Romain Grégoire.

Sul Poggio, la sua seconda accelerazione ha aperto un varco di pochi metri, ma van der Poel è stato abbastanza potente da colmarlo. Una dimostrazione che nelle Monumento, e nella Milano-Sanremo in particolare, i destini si decidono sul filo del rasoio, che tutto si decide al millimetro. È un'affermazione da masticare per Tadej Pogacar, che ha sbattuto di nuovo il muso sulla Primavera, ma si è concesso un anno in più di psicoterapia, perché la Monumento italiana lo disarma, lo mette di fronte a un'impasse e a una sfida enorme, e lui ha così poche debolezze da mostrare. Nel frattempo, il trio che ha aperto la strada è stato implacabile, un'immagine sublime, il piping iridato sulle maniche di van der Poel e Pogacar spiccava nella cavalcata e abbiamo notato la perfetta posizione in bicicletta dell'olandese e di Ganna, i due corridori più belli al mondo sui loro mezzi, come molti segnali che non c'era possibilità di rivederli.

Staccato sul Poggio, l'italiano della Ineos Grenadiers è riuscito a rientrare a ruota a Sanremo, ma in quel momento, in volata, Mathieu van der Poel era ingiocabile. Il neerlandese è stato eccezionale, non c'è che dire, un mostro che ha spinto la tortura di Pogacar fino ad attaccarlo a 500 metri dal Poggio, cosa che ha provocato una risposta dello sloveno e un testa a testa in cui i due hanno scambiato qualche parola senza poi rivelare quali fossero.

Il nipote di Raymond Poulidor ha vinto la sua seconda Milano-Sanremo. Mai indifferente, sempre in grande stile, e dopo aver sbiancato la concorrenza sul Poggio due anni fa per regalarsi un arrivo in solitaria in via Roma, questa volta ha lottato fino al traguardo. Ora ha vinto la sua settima Monumento, ma soprattutto, sotto i suoi modi chirurgici, è un ribelle tra i ribelli, il primo a opporsi all'egemonia di Pogacar. L'unico capace di spezzarsi la schiena, un altro morso ieri in volata, dopo quello di due anni fa sul Poggio, per non parlare dello sprint al Giro delle Fiandre 2022. È l'unico che può scontrarsi di tanto in tanto con lo sloveno. Uno dei più grandi corridori di classiche della storia contro uno dei più grandi corridori della storia che si scontrano, una sorta di benedizione. La Milano-Sanremo aveva la reputazione di essere una corsa noiosa? Questi corridori la stanno ridisegnando per renderla una delle Monumenti più emozionanti. La classica italiana ha dato il tono alla primavera. Tra quindici giorni, il Giro delle Fiandre metterà Mathieu van der Poel contro Tadej Pogacar, questa volta con un leggero vantaggio per lo sloveno. Non vediamo l'ora!

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LA NOTE DE LA COURSE

Un Milan-San Remo qui s’est ouvert dès la Cipressa, une rareté, trois cracks à l’avant, Pogacar qui attaque à trois reprises dans le Poggio mais Van der Poel qui le contre à chaque fois, le retour de Filippo Ganna dans les rues de San Remo et Mathieu Van der Poel qui exécute tout le monde à l’arrivée. Une des plus grandes Primavera de l’histoire.

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LA NOTA DELLA GARA

Una Milano-Sanremo che si è aperta dalla Cipressa, una rarità, con tre corridori di successo in testa, Pogacar che ha attaccato tre volte sul Poggio e van der Poel che lo ha contrastato ogni volta, il rientro di Filippo Ganna verso Sanremo e Mathieu van der Poel che ha giustiziato tutti sul traguardo. Una delle più grandi Primavere della storia.


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GRÉGOIRE S’EST BRÛLÉ LES AILES

Pour sa première sur Milan-San Remo, Romain Grégoire s’est montré en étant le seul coureur à s’accrocher quelques instants au trio Pogacar-Van der PoelGanna dans la Cipressa, avant d’exploser et de se ranger dans le groupe des poursuivants. « J’étais vraiment au bon endroit au bon moment donc j’y suis allé, a réagi le Français, finalement 29e. Je crois que c’est ça l’expression : quand on approche un peu trop près du soleil, on se brûle. Je n'ai pas de regrets, mais c'est ce qui m’est arrivé aujourd’hui. »

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GRÉGOIRE SI BRUCIA LE ALI

Per la sua prima Milano-Sanremo, Romain Grégoire ha dimostrato il suo coraggio essendo l'unico corridore a resistere per qualche istante al trio Pogacar-van der Poel-Ganna sulla Cipressa, prima di esplodere e rientrare nel gruppo degli inseguitori. "Ero nel posto giusto al momento giusto e mi sono buttato", ha dichiarato il francese, che ha chiuso al 29° posto. "Credo che questo sia il modo di dire: quando ti avvicini troppo al sole, ti bruci. Non ho rimpianti, ma è quello che mi è successo oggi".

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