CAMARA - Coeur de Pirates


Installé au coeur du jeu, l’ancien Stéphanois s’impose comme le meilleur buteur et joueur du Stade Brestois du début de saison. C’est tout, sauf une surprise.

"Il n’entre pas dans mon caractère d’abandonner 
ou de me lamenter sur mon sort"
   - MAHDI CAMARA

“Quand je lui ai téléphoné pour prendre de ses 
nouvelles après trois semaines de vacances, 
il n’avait qu’une hâte : que la saison reprenne.
Il est revenu affûté comme une lame"
   - ÉRIC ROY, ENTRAÎNEUR DU STADE BRESTOIS

14 Sep 2024 - L'Équipe
BERNARD LIONS

BREST (FINISTÈRE) – Mahdi Camara (26 ans) n’aime pas traîner les pieds. Il préfère les mettre sur un terrain pour gratter des ballons. Question de tempérament, mais aussi de mission. « À la base, dans un match, je récupère et je donne », résume le milieu de terrain breton. Il s’y emploie si bien qu’il est devenu un élément clé dans le 4-3-3 du Stade Brestois.Mahdi Camara a rejoint le Stade Brestois sous forme de prêt il y a deux ans.

Éric Roy, son entraîneur, confirme : « Ce n’est pas un créatif, mais il possède un profil rare de véritable “box to box”. Rarement blessé, professionnel, c’est un bon mec à entraîner et sur lequel tu peux compter. Il est dans la même veine que Hugo Magnetti. Ils sont partis de plus loin mais, à force de volonté, ils y sont arrivés. Avec Pierre Lees-Melou, ils forment l’un des meilleurs milieux de Ligue 1. »

Son soutier a pourtant débarqué en Bretagne sous la forme d’un prêt, il y a deux ans. Propulsé capitaine par Claude Puel, alors entraîneur de l’AS Saint-Étienne, au début de la saison 2021-2022, il venait de vivre la relégation des Verts comme une blessure. Lui, qui rêve des âpres combats du Championnat d’Angleterre, est parti panser ses plaies à Brest, le coeur en bandoulière, mais l’âme toujours aussi guerrière. « Si avoir porté le brassard de mon club formateur reste l’une de mes plus grosses fiertés et que cela m’a aidé à mûrir, le quitter sur une note négative a été compliqué, confie-t-il. Mais il n’entre pas dans mon caractère d’abandonner ou de me lamenter sur mon sort. Si tu travailles dur, des jours meilleurs arrivent. C’était aussi un pari pour Brest de me prendre. »

Camara l’a relevé. Loin de son sud natal, ce fils d’un Gambien né à Martigues s’est vite fondu dans son nouveau décor. Il sourit : « Le temps est différent, mais les Bretons sont des personnes gentilles et j’ai découvert un vestiaire super. » Sa personnalité à double facette – introverti et casanier dans la vie, râleur et compétiteur sur un terrain – a séduit. Sa rage de réussir, aussi. Car chez ce cadet d’une famille recomposée de trois garçons, qui s’est mis au football dès son plus jeune âge comme on entre en religion, il est aussi question de dépassement de fonction. Y compris dans sa vie de tous les jours. Ce célibataire endurci explique : « Jeune, tout va vite et tu ne réfléchis pas forcément. Et puis, plus tu grandis, plus tu prends conscience que tu fais de ta passion ton métier. Je fais désormais attention à ma préparation invisible, à bien m’hydrater, m’alimenter et dormir. »


Il en a été récompensé tout au long d’une saison passée qui lui a apporté « pas mal de confiance. » Au point qu’il lui tardait de repartir à l’abordage avec les « Pirates ». « Quand je lui ai téléphoné pour prendre de ses nouvelles après trois semaines de vacances, iln’avait qu’une hâte : que la saison reprenne, s’étonne presque Roy. Il est revenu affûté comme une lame. »

Avoir pris de l’avance dans sa préparation lui permet de s’imposer comme le meilleur Brestois de ce début de saison. Mais ilne s’agit pas de la seule explication. Roy, encore : « Il a beaucoup progressé dans sa capacité de projection vers l’avant et devant le but. Il arrive désormais à matérialiser ses occasions créées par son volume de course. »

Après avoir inscrit le premier but brestois de la saison contre

Marseille (1-5, le 17 août), il a ouvert le score, devant SaintÉtienne (4-0, le 31 août). Sans joie apparente. Question de respect. Ily avait pourtant de quoi. Il s’agit de son huitième but en L1, sur l’année 2024. Plus que tout autre milieu.

Même le Montpelliérain Téji Savanier, pourtant clinique surpenalty, n’a pas fait mieux (7 buts). « C’est le fruit du gros travail fourni dans la finition après les entraînements, estime l’actuel meilleur buteur du SB29. BrunoGrougi (entraîneur adjoint) prend les attaquants et quelques milieux pour répéter des phases dejeu, commeles centres en retrait dans la demi-lune devant la surfacede réparation. À force derépéter, ça finit par rentrer. Mais là où je prends le plus de plaisir, c’estsur un bon tacle glissé. » Cam a r a n ’ a p a s c h a n g é . Ils’estjustebonifié au fil des années.

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DES TAGS INSULTANTS À GUINGAMP

Alors que Brest accueille Sturm Graz à Guingamp jeudi pour son premier match de Ligue des champions, le Télégramme a révélé que des tags insultants ont fleuri autour du Roudourou. La rue où est censée se dérouler la « fan walk » (marche des supporters) est notamment concernée. Un bâtiment situé à l'entrée du stade n'a pas été épargné non plus. On peut y lire : « Brest = Sida », « Brest not welcome » ou encore « Mort à Brest ». Pour rappel, Brest ne peut pas jouer ses matches de C1 à Francis-Le Blé, puisque ce stade n'est pas aux normes.

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Avec un groupe dense, mais sans Faivre

Si les états de forme sont encore disparates, Éric Roy dispose de toutes ses dernières recrues pour son premier des trois matches en neuf jours, ce soir à Paris, avant la découverte de la Ligue des champions, jeudi prochain (réception de Sturm Graz), moins de soixantedouze heures avant d’enchaîner à Le Blé contre Toulouse, à l’exception notable de Romain Faivre, qui a pris un coup à l’entraînement, cette semaine. En plus des absents de longue durée – Pierre Lees-Melou (reprise) et Bradley Locko (tendon d’Achille) –, les jeunes Axel Camblan (21 ans) et Luck Zogbé (19 ans) sortent d’un groupe de 21. L’attaquant Mama Baldé, qui a participé hier à sa première séance collective, y fait son apparition. Plusieurs nouveaux prétendent à une première titularisation, notamment au poste de central gauche à la place de Julien Le Cardinal. Soumaïla Coulibaly et Abdoulaye Ndiaye, qui a purgé trois matches de suspension, sont en balance. Massadio Haïdara pourrait également démarrer, au poste de latéral gauche, à la place de Jordan Amavi. Idem pour Edimilson Fernandes, que Roy souhaite faire jouer en sentinelle. F.L.D.

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