Quelle place dans le trio?
19 Mar 2025 - L'Équipe
HUGO DELOM (avec D. D.)
L’évolution du rôle d’Ousmane Dembélé sur ce stage soulève de réelles interrogations sur la répartition des rôles du trident offensif. Cette animation peut-elle fonctionner ?
Dans l’histoire des choix tactiques de Didier Deschamps depuis 2012, celui-ci sera peut-être l’un des plus intéressants à analyser. Dès l’automne, alors qu’il n’occupait pas encore durablement une position axiale au PSG, le sélectionneur des Bleus réfléchissait à une inflexion du rôle d’Ousmane Dembélé. Avec une volonté de ne plus le cantonner à ce rôle d’ailier pur mais de lui offrir davantage de liberté. Notamment dans une position axiale.Ousmane Dembélé avec Bradley Barcola (à droite) lors de la victoire en Belgique (2-1), le 14 octobre.
Dans ses récentes prises de parole, le sélectionneur des Bleus a insisté sur cette notion de « permutation» et de « flexibilité » .En clair, tout en cherchant à ce que son « animation offensive pose le plus de problèmes à l’adversaire », Deschamps veut que son trio – Mbappé, Dembélé, Kolo Muani ou Olise – soit modulable. Un choix qui comporte forcément des risques.Sur le terrain, mais pas seulement…
Mbappé peut-il s’effacer ?
Depuis des années, la logique du staff des Bleus est, avant tout, de placer Kylian Mbappé dans les meilleures conditions. Avec lui, ses coéquipiers en attaque savent qu’ils devront toujours s’adapter. Le dernier Euro en a été une bonne illustration. La dynamique exceptionnelle de Dembélé (22 buts en 2025) invite le staff à lui offrir davantage de liberté. Et de responsabilités. Au détriment de Mbappé ? Quitte à bouleverser l’équilibre social du vestiaire ? C’est tout l’enjeu de ce court stage d’une semaine et de cette double confrontation contre la Croatie.
Le risque semble, sur le papier, limité. Parce que ces deux-là sont amis depuis des années. Et qu’ils parlent, en outre, le même football. Mais Mbappé va devoir s’adapter et essayer, dans ses déplacements comme dans ses choix de jeu, de donner un espace d’expression suffisant à son coéquipier. Le Madrilène a toujours loué publiquement ou en dehors le talent créatif unique de son excoéquipier à Paris. Le reconnaître est une chose. Lui laisser de la place en bleu en est une autre.
Dembélé peut-il être aussi efficace qu’à Paris ?
« Aujourd’hui, vous n’allez pas me dire qu’Ousmane est un avant-centre. Il est dans une position axiale, il se retrouve pour marquer dans ces zones, mais il a inscrit par exemple son premier but à Brest (en playoffs aller de Ligue des champions, 3-0, le 11 février) en venant de la droite et en frappant du gauche. » Dans sa réflexion, Deschamps n’ imagine pas transposer le modèlepari sien en équipe de France. Le sélectionneur des Bleus entend simplement donner de la flexibilité à son attaque. Avec un Dembélé ponctuellement dans une position axiale, presque de numéro 10.
Au-delà de la répartition des rôles et une occupation équilibrée des espaces, l’interrogation se situe sur la capacité de Dembélé (6 buts en 53 sélections) à transposer cette même efficacité en bleu. La tâche n’est pas aisée. Les repères sont très différents. Et le profil des joueurs avec lesquels il joue également. Mais c’ est davantage un travail d’ approche mentale que Dembél éva devoir effectuer: avec une nécessité de se convaincre qu’il peut endosser un rôle aussi important qu’en club.
Y a-t-il un risque d’embouteillage dans l’axe ?
La liberté octroyée peut sans doute amener un embouteillage dans l’axe et de la confusion dans cette animation offensive. Une question d’autant plus centrale que les Bleus, comme souvent, n’ont que très peu de séances pour se coordonner. À Madrid cette saison, Mbappé a montré qu’il savait s’adapter. D’une position axiale au départ, le capitaine des Bleus n’hésite pas à se décaler pour retrouver cette position à gauche qui reste la plus naturelle chez lui. Plus ponctuellement, il peut même évoluer à droite à la place de Rodrygo.
L’enjeu pour le trio des Bleus, qu’ il soit composé en plus de RandalKolo Muani, de Michael Olise ou de Bradley Barcola, sera d’éviter cet embouteillage dans l’axe. L’attaquant de la Juventus Turin a montré ces derniers mois, quand il était aligné à droite en bleu, qu’il endossait ce rôle avec beaucoup de justesse. Olise, s’il rentre intérieur, a un profil d’ailier plus traditionnel. Barcola a, lui, montré qu’il savait occuper la largeur.
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LOÏC TANZI (avec D. D.)
Tous dingues de Dembélé
À travers le regard de coéquipiers, adversaires ou entraîneurs, nous avons essayé de comprendre ce que représentait la réussite actuelle de l’attaquant parisien dans le milieu du football français.
Du haut de ses 22 buts inscrits toutes compétitions confondues en 2025 avec lePSG,O us ma ne Dembélée st le meilleur buteur européen de l’année, dont le Parisien survole les trois premiers mois. Depuis le début de saison, ses statistiques grimpent même à 30 buts et 6 passes décisives. À 27 ans, Dembélé exploite enfin un potentiel énorme, jusqu’à devenir un prétendant au prochain Ballon d’Or. En sélection ou en club, l’international français (53 sélections, 6 buts) suscite toujours l’admiration de ses pairs. Tous ceux à qui on a pu poser la question ont essayé de comprendre, avec leur regard, ce nouveau Dembélé.
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« S’il pouvait en garder un peu pour nous »
- DIDIER DESCHAMPS, sélectionneur de l’équipe de France
« Ousmane a toujours eu une adresse très élevée dans tout le travail spécifique, même si c’est en fin de séance ou pendant une séance. De par les efforts qu’il faisait, il avait moins de lucidité. Il faisait des sprints à haute intensité, sur de longues distances… Là, il est plus près du but. Il a une position qui, au départ, est axiale, mais il y a beaucoup de permutations. Il sent bien les coups, il est en pleine confiance et il a une efficacité, je ne vais pas dire maximale, mais très élevée. Je lui ai dit d’ailleurs que s’il pouvait en garder un peu pour nous, ça serait bien. »
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- MANU KONÉ, coéquipier en équipe de France
« Ce que fait Ousmane est incroyable. (Il insiste.) C’est incroyable ! Au-delà de ce qu’il fait cette saison, le joueur en lui-même, ses qualités, je les voyais déjà, mais ce qu’il réalise, ce qu’il peut faire... On en voit rarement, des joueurs comme ça. Il est hors norme. Mais quand on le connaît, qu’il mette autant de buts, avec les qualités qu’il a, c’est juste normal. »
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« Il faut parler du côté humain aussi »
- DÉSIRÉ DOUÉ, coéquipier au PSG et en équipe de France
« Tout ce que vous voyez en match, Ousmane le fait à l’entraînement. C’est un joueur exceptionnel, un cadeau pour nous. Il a beaucoup de talent, de qualités. C’est un super footballeur, mais il faut parler du côté humain aussi. Il m’a beaucoup aidé dans mon intégration au PSG et il le fait en équipe de France maintenant. Il est comme un grand frère pour moi. Je suis très content de pouvoir jouer avec lui. »
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« Le déclic est venu de lui-même »
- HUGO EKITIKE, coéquipier au PSG
« J’ai toujours trouvé qu’il était fort devant le but. C’est l’un des meilleurs joueurs que j’ai vus à l’entraînement. Il a une qualité supérieure à la moyenne. Le déclic, ensuite, je pense qu’il est venu de lui-même. Il a trouvé un petit truc dans son quotidien qui a tout changé, peut-être dans la rigueur. Quand tu commences à tenir quelque chose dans ton mode de fonctionnement et que tu es dans une dynamique, tu ne t’arrêtes pas. Il a compris qu’il tenait quelque chose et on voit ce que ça donne. On a l’impression que depuis ce déclic, il ne peut plus s’arrêter. Et il ne va pas s’arrêter. »
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« On peut le limiter mais il trouvera toujours le moyen de passer »
- JOULE KOUNDE', ancien coéquipier - Barcelone et coéquipier en équipe de France
« Comment défendre sur lui ? C’est une très bonne question. S’il y avait une solution, on l’aurait déjà trouvée (rires). C’est un joueur très imprévisible, qui peut partir des deux côtés. Les joueurs comme lui sont difficiles à marquer tout au long de 90 minutes. L’attaquant, aussi, est toujours celui qui décide. Il faut rajouter le fait qu’il peut jouer des deux pieds. On peut le limiter mais au final, il trouvera toujours le moyen de passer et maintenant même de marquer. Il est en pleine confiance et quand on est comme ça, on réussit des choses qu’on n’arrivait pas avant. »
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