Les nouveaux chéris de Nottingham

Les joueurs de Nottingham Forest lors de la 

victoire face à Aston Villa, le 14 décembre (2-1).

Trente ans après son dernier podium anglais et quarante-cinq ans après son doublé européen, Nottingham Forest est l’improbable quatrième de la Premier League.

25 Dec 2024 - L'Équipe

VINCENT DULUC

Samedi après-midi, après sa victoire àBrentford (0-2), Nottingham Forest est monté sur le podium de la Premier Le ague. Il en est redescendu deux heures plus tard, après le triomphe d’Arsenal à Crystal Palace (1-5), mais les premiers jours de l’hiver sont magnifiques pour le club qui est la réponse à cette éternelle question : quelle équipe a remporté deux fois la Coupe des clubs champions européens, en ayant été une seule fois champion national?

Brian Clough, vainqueur de la Coupe d’Europe 

en 1979 et 1980 à la tête de Nottingham Forest.

Quarante-cinq ans après les grandes heures du Forest de Brian Clough, champion d’Angleterre en 1978, champion d’Europe en 1979 et 1980 après s’être qualifié comme tenant du titre, le City Ground écarquille les yeux devant cette première moitié de saison incroyable : lesjoueurs de Nuno Espirito Santo sont les seuls à avoir battu Liverpool cette saison, etils l’ont fait à Anfield (0-1, 14septembre), avant de résister à dix à Chelsea (1-1, le 6 octobre) et de battre MU àOl dT rafford (2-3,le7décembre), pour affirmer un peu plus leurs ambitions.

Sauvé de justesse l’an dernier

Jusque-là, Forest semblait plutôt la preuve que la multipropriété ne servait pas à grand-chose et que l’instabilité ne menait nulle part. Evangelos Marinakis, également propriétaire de l’Olympiakos en Grèce et de Rio Ave au Portugal, aura dû certes récupérer l’héritage encombrant d’un patron koweïtien insuffisamment riche, Fawaz al-Hasawi, et chez lequel la gouvernance suivante aura dû aller récupérer la réplique de la FA Cup remportée en 1959, qu’il avait installée dans son salon londonien. La gestion financière de Marinakis, lesté de quelques casseroles en Grèce, n’est pas simple : Forest s’est maintenu malgré quatre points depé na lité(17e)l as aison dernière, pour sanction des es comptes, et il a été sauvé par John Textor, l’été dernier, qui a investi 23,4M€ dans le transfert définitif d’Orel Mangala, prêté à Everton depuis, et dans la venue de Moussa Niakhaté, plus gros transfert de l’histoire de l’ O L (31,9 M €). À présent que c’ est Lyon qui a besoin d’être sauvé, chacun guettera, forcément, le moment de la réciprocité, alors que Marinakis vient de nommer à la direction du club anglais Lina Souloukou, passée par l’AS Rome et surtout l’Olympiakos. Après avoir dépensé 340 M€ sur 44 joueurs lors des trois dernières fenêtres de transfert, Nottingham a surtout trouvé une équipe, autour de son nouvel entraîneur, le Portugais Nuno Espirito Santo. Sans doute n’est-il pas là pour longtemps: Forest a consommé seize entraîneurs, horsles intérimaires, depuis 2011. Parmi eux figurent deux techniciens français, Philippe Montanier (juin 2016-janvier 2017) et Sabri Lamouchi (juin 2019-octobre 2020), ce dernier ayant même battu le record de longévité, dans la période, avant que Steve Cooper (septembre 2021-décembre 2023) ne devienne l’homme de la remontée en Premier League au printemps 2023.

Les symboles Wood et Milenkovic

Impuissant lors des on cours passage àTo ttenham (17 match es en 2021), qui a consolidés on profil d’ entraîneur de club moyen, Nuno Espirito Santo accomplit des miracles avec une équipe qui semble ordinaire, avec son avant-centre à l’ancienne, Chris Wood (33ans, 10buts en Premier League), quelques bons joueurs de Premier League a ut our(Elanga,Huds on-O doi,Gibb s-W hi te, Neco Williams) et une belle recrue, le défenseur serbe Nikola Milenkovic, venu de la Fiorentina. Au-delà des années Brian Clough, le City Ground s’émeut de se voir replongé dans sa dernière période dorée, sa troisième place en 1995 sous la direction de Frank Clark, qui était sur le terrain en 1979 et deviendrait fugitivement président en 2011. Aujourd’hui âgé de 81 ans, Clarkvoit assez bien les points communs, et notamment le poids des buteurs, Stan Collymore (22 buts) et Bryan Roy (13), à l’époque, et Chris Wood, aujourd’hui :

«Jefaisais partie des sceptiques, mais il a mis tout le monde d’accord. Et je trouve que l’équipe est équilibrée. Autour de Milenkovic, on a notre meilleure défense de puis très long temps. On ne va pas gagner tous les matches, mais on ressemble à une vraie équipe.»

Malgré ses façons de multi propriétaire, et cette manière de faire des affaires, sanscesse, en retombant inégalement sur ses pieds, Forest présente une statistique incroyable, qui dit ses racines: il a toujours aligné un joueur formé au club depuis 1941, seulement devancé par MU (1937). Mais le der nier end ate,Ry an Yat es, est menacé par les cartons et les blessures, et le City Ground se demande si, ce jour-là, Nuno Espirito Santo osera faire jouer Zach Abbott (18 ans). « Si ce record est important, on a l’option de le mettre sur le banc », a glissé lePortugais. Demain après-midi face à Tottenham, Yates se contentera peut-être d’entrer en jeu, comme à Brentford le week-end dernier. Mais jusque-là, le vieux record et le nouveau Forest sont toujours debout.

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